Publié le 21 janvier 2021
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[La vidéo des solutions] FabBrick, la startup qui transforme nos déchets textiles en briques écologiques
C'est une petite marque qui monte. La startup FabBrick, lancée fin 2018, a créé un nouveau matériau de décoration et bientôt de construction : les déchets textiles. Alors que l'Europe en génère quatre millions de tonnes chaque année, l'architecte Clarisse Merlet a trouvé un procédé pour les transformer en briques. La marque Jules, les Galeries Lafayette, Decathlon, Vinci... L'enseigne croule sous les commandes et espère passer le cap de l'industrialisation.

FabBRICK
C’est une des industries les plus polluantes au monde. Chaque année, le secteur textile émet 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre, selon l'Agence de la transition écologique (Ademe). Si les tendances de consommation actuelle se poursuivent, en 2015, le secteur représentera 26 % des émissions mondiales. Sous la pression des consommateurs et parfois des régulateurs, les industriels tentent de se verdir. Reste que chaque année en Europe, plus de quatre millions de tonnes de textile sont jetées, la grande majorité finissant dans les décharges ou à l'incinérateur.
Face à ce problème d’ampleur, l’architecte Clarisse Merlet recherche un débouché plus écologique en transformant les déchets textiles en briques de décoration et bientôt de construction. "Je voulais trouver de nouveaux matériaux de construction moins polluants que le béton ou le sable. En voyant les montagnes de déchets textiles générés par le secteur de la mode, ça a fait tilt", raconte-t-elle.
Le soutien de la marque Jules
À peine sortie de l’école, l’architecte se lance dans l’aventure et créé FabBrick fin 2018. "Au début, tout était difficile. J’ai failli abandonner plus d’une fois", confie-t-elle. La jeune diplômée imagine avec son père une machine capable de fabriquer ses briques. Elle invente une colle écologique, trouve un fournisseur de vêtements destinés à l’incinération… Puis Jules, l’enseigne de prêt-à-porter, lui passe une commande de 5 000 briques pour construire des meubles monolithes présents dans ses boutiques et du parement mural à base de jean usagé que l’enseigne pose devant ses rayons jean. C’est le début de l’aventure.
FabBrick croule désormais sous les commandes au point de pouvoir trier les entreprises avec lesquelles elle travaille. "Si c’est juste un coup de communication mais que la société qui nous contacte n’a pas un réel engagement écologique, je refuse", tranche Clarisse Merlet. De même, "si une entreprise veut me donner ses déchets sans commander de briques, je dis non également. Le but c’est qu’elle récupère ses déchets, c’est une forme de sensibilisation", assure l’architecte.
Des briques avec des masques usagés
Et cette stratégique s’avère pour l’instant payante. La startup fabrique aujourd’hui les supports de chaussures pour les Galeries Lafayette à Hausmann. Elle récupère également les vêtements de chantier de Vinci Construction pour les transformer en mobilier et travaille avec Decathlon... La petite startup répond à un vrai besoin. "On a déjà réalisé 45 000 briques soit 15 tonnes de textiles revalorisés. C’est infime par rapport à la quantité de déchets textiles mais c’est une première étape", croit Clarisse Merlet.
Reste maintenant à passer à la phase de l’industrialisation. La fabrication est aujourd’hui très artisanale. L’architecte a missionné deux ingénieurs pour concevoir une machine automatisée. "Aujourd’hui on réalise 200 briques par jour, le but serait de passer à 500 voire 1 000", espère Clarisse Merlet. Et l’entrepeneuse fourmille d’idées pour la suite. Elle est déjà en train de tester une brique qui intègre des masques usagés, qui abondent avec la crise du Covid-19.
Marina Fabre, @fabre_marina