Publié le 04 octobre 2019
INFOGRAPHIES & VIDÉOS
[Édito Vidéo] Taxonomie européenne, Budget vert… quand le débat nucléaire a enfin du sens
Quand anti et pro nucléaires s’affrontent il n’y a pas de vérités qui émergent… seulement des convictions diamétralement opposées. Ce qui est contre-productif au moment où l’urgence climatique et environnementale interroge sur le rôle que l’atome doit jouer à l’avenir. Des réponses pourraient émerger du travail européen en matière d’investissement vert et de la définition français d’un budget gouvernemental écologique.

@EDF
Le débat médiatique sur la place du nucléaire dans le mix énergétique est stérile. Le dialogue entre les tenants de l'atome comme EDF, l'Agence Internationale de l'énergie atomique, Bill Gates et les opposants comme EELV, Greenpeace est impossible. Les convictions des uns et des autres sont irréconciliables. Et elles le sont d'autant plus que l'appel à la mobilisation générale pour le climat rend ce débat encore plus sensible.
Chose amusante, les deux camps font appel à la même source, comme juge de paix, pour asseoir leur vision des choses : les rapports du groupe d'experts international sur le climat, le GIEC. Les pronucléaires rappellent que le GIEC classe le nucléaire au rang des énergies bas carbone. Les opposants notent que les experts mettent en gardent sur la faible acceptation sociale de l'atome, sur les coûts croissants et sur les risques. En réalité, le GIEC ne fait pas de recommandations. Mais, ces scientifiques exposent avant tout des faits, en tirent des hypothèses pragmatiques et établissent des scénarios. Charge aux décideurs à qui leurs rapports sont adressés de décider.
La balance du nucléaire
Face à cette impasse, deux exercices sont à suivre de près. D’une part, le travail de création d’une taxonomie européenne sur la définition de ce qui est éligible au titre d’investissement vert. Malgré la demande de pays comme l’Allemagne, le nucléaire n’a pas, pour l’heure, été exclu de cette taxonomie. La commission reconnaît son intérêt dans la lutte contre le réchauffement, mais veut se donner du temps pour juger ses effets secondaires.
Même exercice pour la création d’un budget vert français prévu en 2021. Le gouvernement adopte une position médiane en soulignant les faibles émissions de l’atome, mais aussi son impact négatif en matière de déchets. Finalement, on voit que la vraie question à trancher n’est pas "faut-il du nucléaire ou pas ?". "Mais est-ce que le combat climatique prévaut sur tous les autres ?"… Si oui, le nucléaire a sans doute une place. Si ce n’est pas le cas et que tous les combats (climat, biodiversité, déchets..) doivent être menés de front, la place du nucléaire est à interroger.
Dans ce cas, la réponse viendra des objectifs de développement durable, les fameux ODD. Il s’agit de 17 objectifs variés sur l’énergie, l’éducation, la biodiversité, la santé…. qui doivent être tous adressés d’ici 2030, considérant que chaque objectif dépend de tous les autres dans une logique systémique. C’est à ce prisme qu’il faut faire le bilan de l’impact de l’énergie nucléaire, au-delà de toute conviction.
Ludovic Dupin @LudovicDupin