Publié le 09 novembre 2020
SOCIAL
Pendant ce deuxième confinement, six œuvres à lire ou relire pour avoir confiance en l’avenir
L’année 2020 n’en finit pas de mettre l’épreuve la volonté des plus enthousiastes d’entre nous. Alors que l’Europe est ébranlée par la deuxième vague de l’épidémie de Covid-19, nous revoilà confinés pour de longues semaines. Une bonne occasion de lire ! Et les journalistes de la rédaction de Novethic partagent avec vous six œuvres qui donnent de l’espoir.

@RossHelen
"L’École des soignantes", une utopie médicale et féministe – Le choix de Marina
En 2039, Hannah Mitzvah, ancien codeur informatique, veut se former à la médecine. Il rejoint l’hôpital-école expérimental de Tourmens. Ce centre hospitalier, basé sur la bienveillance, la sororité, l’inclusion, abolit tous les rapports de pouvoir. Ici pas de patients et de médecins, mais des soignées et des soignantes (le féminin l’ayant emporté sur le masculin). Dans l’aile psychiatrique, qu’Hannah rejoint, personne n’est attaché ou assommé. L’unité est libérée de la médecine invasive et donne la priorité à l’écoute. Ce livre-manifeste, qui dénonce la marchandisation de la santé, est une vraie utopie réaliste de ce que pourrait devenir notre système de santé, à l’heure où il est mis à terre par la pandémie de Covid-19.
L’École des soignantes, par Martin Winckler, éd. P.O.L, 2019
"Ecotopia", le récit d’une autre Amérique - Le choix d’Arnaud
L’histoire se déroule en 1999. Un journaliste new-yorkais, Will Weston est chargé de faire un reportage sur Ecotopia, un pays issu de la sécession 20 ans plus tôt d’une partie de l’Amérique du Nord-Ouest. Les Ecotopiens ont réinventé la société sur un modèle plus proche de la nature, plus social et moins consumériste. Will Weston, méfiant au début du récit, se prend petit à petit au jeu de ce monde sans pollution, aux normes sociales plus libres, dirigé par une femme, jusqu’à décider d’y rester. Ce récit futuriste de notre passé (il a été écrit en 1975) reste très actuel. Il raconte la création d’un monde d’après, né des suites d’une forte récession économique.
Ecotopia, par Ernest Callenbach, éd. Rue de l’échiquier, 1975
"Humanité. Une histoire optimiste", pour démontrer que l’homme est bon par nature – Le choix de Concepcion
Et si la plupart des gens étaient bons ? En partant de cette hypothèse "radicale", l'historien néerlandais Rutger Bregman, auteur du best-seller Utopies réalistes, espère déclencher une révolution. Alors que la science économique a été fondée sur l’idée d’un individu rationnel et égoïste, il démontre à travers de nombreux exemples qu’il n’en est rien. Au contraire, en temps de crise, de guerre, ou sur une île déserte, les humains font ressortir le meilleur d’eux, les caractéristiques propres à l’Homo Sapiens étant la sociabilisation et la coopération. Mais, si nous pensons que les autres sont mauvais, c’est ainsi que nous allons nous traiter mutuellement, prévient-il.
Humanité : Une histoire optimiste, par Rutger Bregman, éd. Seuil, 2020
"Après la pluie, le beau temps", pour croire aux meilleurs lendemains – Le choix d’Anne-Catherine
Petite fille, j’ai beaucoup relu "Après la pluie, le beau temps" de la Comtesse de Ségur. L’héroïne Geneviève, orpheline maltraitée par son tuteur et le fils de celui-ci finira par guérir d’une grave maladie et épousera son amoureux, lui-même remis de terribles blessures de guerre. Tous deux sont, à la fin, récompensés de leur résilience alors que les méchants se repentissent avant de mourir. Cette idée qu’on peut triompher de toutes les vicissitudes de la vie est utile dans cette période sombre. Tenir le coup parce que le printemps finit toujours par revenir est un message plein de bons sentiments mais il en faut en ce moment.
"Après la pluie, le beau temps", par la Comtesse de Ségur, 1871
"Les vieux fourneaux", rire avec des septuagénaires drôles, solidaires & culottés – Le choix de Béatrice
Ils sont vieux, pas forcément beaux, mais ils ont de l’énergie à revendre et des idées pleins la tête pour changer le monde. Mimile, Pierrot et Antoine, 70 ans et quelques au compteur, ont roulé leur bosse dans les tournois sportifs internationaux ou les réunions syndicales de l’entreprise locale avec la même passion. Ces vieux amis mobilisent désormais leur expérience et leur fougue – intacte - au service de leurs proches et de la collectivité avec beaucoup de mauvaise foi et une sacrée dose d’humour. Une vision décalée et rafraîchissante d’une génération pas si déconnectée, qui montre aussi l’importance de renforcer les liens intergénérationnels dans cette période où ils sont trop souvent malmenés.
Les vieux fourneaux, par Wilfrid Lupano, Paul Cauuet, éd. Dargaud, 2014 (6 volumes)
"Micromégas", pour prendre beaucoup de recul – Le choix de Ludovic
Micromégas, scientifique et philosophe de 39 kilomètres venu de la planète Sirius, visite le système solaire avec son compagnon saturnien de deux kilomètres. Sur Terre, ils découvrent les humains et sont surpris de constater que de si minuscules animaux possèdent un tel savoir scientifique et philosophique. Mais les deux explorateurs s’amusent alors que ceux-ci assurent que l’univers a été fait par Dieu au service de l’humain. Ecrite par Voltaire en 1752, la première œuvre de science-fiction de l’histoire ne vise pas à moquer les croyants mais est un appel à prendre du recul sur la vie. À l’heure où le complotisme, le fanatisme ou l’ambition personnelle abime notre monde, cette leçon est importante.
Micromégas, par Voltaire, 1752