Publié le 26 juillet 2021
La cérémonie 2020 des Oscars a récompensé deux films marqués par les inégalités sociales. Sans être caricaturaux, Parasite et Joker décrivent la lutte des plus démunis pour survivre au point d’atteindre une violence irréversible. Ils font écho aux soulèvements à travers le monde de populations qui se battent juste pour avoir de quoi vivre. 

Si vous n’avez pas vu Parasite et Joker, mieux vaudrait peut-être passer votre chemin pour éviter tout spoiler. Lors de la cérémonie des Oscars, ce 10 février, deux films sont sortis du lot. Le film coréen Parasite de Bong Joon-ho a reçu quatre statuettes pour le meilleur film, le meilleur film international, le meilleur réalisateur et le meilleur scénario. De son côté, Joker de Todd Philips a été récompensé pour le meilleur acteur et la meilleure musique de film.
Sur le papier, les deux films semblent éloignés mais pourtant ils sont liés. D’un côté, on a l’histoire d’une famille pauvre dans le Séoul moderne qui survit grâce à de petits plans. Elle va finir par infiltrer la maison d’une famille privilégiée en prenant peu à peu la place du chauffeur, de précepteur pour les enfants, d’employés de maison… De l’autre, on a un film se déroulant dans l’univers de superhéros de DC Comis, où on suit l’histoire d’Arthur Fleck (joué par Joachim Phénix) d’un homme esseulé, atteint d’une maladie mentale et rejeté par la société.
La violence comme seule issue
On peut retrouver une structure commune dans les deux films. Ils commencent sur un rythme lent et même joyeux du côté de Parasite. Puis brutalement, ils sombrent dans le drame absolu, la noirceur et la violence. Les protagonistes vont se retrouver face à leur antithèse dans la société. La famille coréenne pauvre face à la vie luxueuse de ses employeurs enfermés dans une tour d’ivoire. Arthur Fleck, malade et privé de travail, face à la richissime famille à succès Wayne, le nom à l’état civil de Batman.
Dans les deux cas, la violence semble devenir la seule échappatoire de ceux qui luttent pour survivre. Le premier film a été multirécompensé avec, outre les quatre oscars, la palme d’or, le Golden Globe, Bafta, etc. La récompense du second va au-delà des professionnels du septième art puisque le maquillage de clown dont se grime le personnage principal est devenu omniprésent dans les manifestations sociales à travers le monde que ce soit au Liban, au Chili, à Hong Kong…
Ces films sont le reflet sur grand écran de la colère qui grandit face aux inégalités sociales dans le monde réel. En janvier, Oxfam la documentait en rappelant que les 1 % les plus riches de la planète gagnent deux fois plus que 92 % de la population mondiale. Le critique de la BBC Hugh Montgomery en vient à se demander si ces films "sont en guerre contre les riches". Puis avec un style tout anglais, il ajoute : "[Parasite] traite de l’écart entre les nantis et les démunis en des termes tranchants, il ferait certainement honte à de nombreux participants à la cérémonie (des oscars) – s’ils étaient doués de conscience".
Ludovic Dupin @LudovicDupin

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