Publié le 21 janvier 2024

Alors que 50% des cuisiniers en Île-de-France sont immigrés, des cheffes et patrons engagés à l’instar de Manon Fleury, Alessandra Montagne ou encore Michel Bras, ont signé un manifeste visant à exprimer leur désaccord. À quatre jours de la décision du Conseil constitutionnel, 160 marches sont prévues dans toute la France ce dimanche 21 septembre.

Il s’appelle Ousmane Touré. Ce jeune guinéen de 23 ans, était plongeur en CDI depuis trois ans dans un restaurant de La Rochelle. Le 23 décembre, il a été expulsé du territoire français pour revenir à Conakry, la capitale de la Guinée, dont il est originaire. Son expulsion, à quelques jours de Noël, avait suscité une forte émotion et une chaîne de solidarité. Son patron, Carlos Foito, le chef du restaurant Le Ginger, avait défendu un élément “rigoureux et irréprochable”, un “employé modèle”. “Il avait un travail, un contrat, des fiches de paie, une situation stable”, explique à InfoMigrants Dider Meyerfeld, membre de Solidarité Migrants La Rochelle.
Face à la mobilisation, Ousmane Touré a finalement été autorisé à revenir en France grâce à un visa de travail longue durée. Celui que le média Blast a surnommé “l’expulsé de Noël” est devenu un symbole, en pleine adoption de la loi immigration en France. Si Ousmane Touré a échappé de peu à une expulsion définitive, il n’est pas un cas isolé. Dans les cuisines des restaurants français, les travailleurs immigrés sont nombreux. En Île-de-France, ils représentent 50 % des emplois de cuisiniers. D’où la mobilisation, particulièrement forte, du secteur de l’hôtellerie restauration contre la loi immigration qui sera promulguée dans quatre jours, sauf censure complète du Conseil constitutionnel le 25 janvier.

“Veste blanche et casserole à la main”


Manon Fleury, Michel Bras, Olivier Roellinger, Abdel Aloui… plus de 200 personnalités du monde de la restauration ont publié un manifeste, le 17 janvier, contre la loi immigration. “Dans nos cuisines, nombre d’emplois sont occupés par des étranger.es (…) alors que 200 000 postes restent non pourvus dans le pays. Nous avons besoin des personnes immigrées, très nombreuses à se tourner vers nos métiers, dans un secteur qui peut et doit former, recruter et faire évoluer des dizaines de milliers de personnes”, écrivent-ils. “Nous placerons toujours le talent, l’envie et le courage avant une nationalité, une origine ou un statut administratif”. 
La cheffe Alessandra Montagne, à la tête de Nosso et de la cave à manger Tempero à Paris, également signataire du Manifeste, a publié sur son compte Instagram l’heure et le lieu de RDV de la manifestation qui aura lieu ce 21 janvier à Paris contre la loi immigration. Le dress code est clair : “veste blanche et casserole à la main”. “Dans ces conditions, moi qui suis depuis 24 ans en France, je n’aurais jamais pu m’y installer. Or ici j’ai créé et des emplois et participé, via les impôts à la société”, témoigne-t-elle dans Libération.

Valérie Masson-Delmotte, Thierry Beaudet, Marina Foïs


Au total, plus de 160 marches sont prévues ce dimanche 21 janvier dans toute la France, à l’appel de 201 personnalités issue de milieux très différents à l’instar de la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte, le président de Conseil économique, social et environnemental (Cese) Thierry Beaudet ou encore la comédienne Marina Foïs. “Soucieux de rassemblement et de solidarité plutôt que de division sans fin de notre société, nous demandons au président de la République de ne pas promulguer cette loi”, écrivent les auteurs de l’appel. 
Le conseil constitutionnel se prononcera jeudi 25 janvier sur la loi immigration. Alors que la droite et l’extrême droite y ont introduit plusieurs points controversés, le chef de l’État Emmanuel Macron, déclarait sur France 5 le lendemain de l’adoption de la loi : “je pense qu’il y a des dispositions qui ne sont pas conformes à la Constitution”. Une phrase qui avait particulièrement irrité le président de conseil constitutionnel, Laurent Fabius. “Dans un régime démocratique avancé comme le nôtre, on peut toujours modifier l’état du droit mais pour ce faire, il faut toujours veiller à respecter l’État de droit”, rappelait-il.

Découvrir gratuitement l'univers Novethic
  • 2 newsletters hebdomadaires
  • Alertes quotidiennes
  • Etudes