Publié le 10 avril 2023
Non, ce n'est pas l'insalubrité qui a causé l'effondrement de trois immeubles rue de Tivasi à Marseille le 9 avril, répètent les autorités. Mais cinq ans après la catastrophe de la rue d'Aubagne où plusieurs logements insalubres s'étaient écroulés, les cicatrices s'ouvrent à nouveau. Les gravats, les secours, la recherche interminable de survivants et surtout, les délogés... le traumatisme est ravivé.
Qui n’y a pas pensé en voyant les secouristes chercher des corps sous les gravats après l’effondrement de trois immeubles rue de Tivoli à Marseille dimanche 9 avril ? Des immeubles qui s’effondrent dans le centre-ville de la cité phocéenne ne peuvent que raviver les souvenirs de la rue d’Aubagne. Le 5 novembre 2018, huit personnes trouvent la mort dans l’écroulement des immeubles du 63 et 65 rue d’Aubagne. 5000 personnes sont évacuées. En cause : l’insalubrité des logements. 


Interviewé par le correspondant du Monde sur place, le maire de Marseille, Benoît Payan, le reconnaît :"C’est la première chose qui m’est venue en tête. Mais la rue d’Aubagne, c’est l’habitat indigne. Ici tout laisse à penser que nous sommes dans une situation totalement différente", insiste-t-il. Des propos corroborés par le ministre en charge du logement, Olivier Klein : "La lutte contre l’habitat insalubre fait partie des priorités du gouvernement mais aujourd’hui ce n’est pas la question". 


Alors que s’est-il passé ? Un immeuble s’est effondré, entraînant avec lui l’écroulement de deux autres. Il est encore "impossible d’indiquer les causes" de l’effondrement, a affirmé la procureure de la République Dominique Laurens, lors d’une conférence de presse le 9 avril. "Les trois immeubles concernés (au 15, 17 et 19 rue de Tivoli) ne sont pas des immeubles visés par des arrêtés de péril". Cinq personnes seraient décédées selon le dernier décompte du 10 avril mais les secours sont toujours sur place. Les autorités mentionnent une piste, celle d’une explosion liée au gaz. Mais dans l’esprit des Marseillais et Marseillaises qui ont vécu la catastrophe de la rue d’Aubagne, l’écho est le même.

Un traumatisme ravivé 


"J’ai revu les gravats, la détresse sur les visages, les délogés, le décompte macabre (…). On ne soupçonne pas quand on n’y vit pas la cicatrice saillante que constitue à Marseille la rue d’Aubagne. Il y a la dent creuse, stigmate urbain, mais aussi les douloureux souvenirs, pour toute une ville", écrit sur Twitter la journaliste de 20 Minutes Mathilde Ceilles. Et elle n’est pas la seule à s’exprimer sur cette similitude.


Dans <a target="_blank" href="http://le blog du média Mars Actu le spécialiste et militant pour le logement digne à Marseille Kévin Vacher écrit : "L’explosion de la nuit du 9 avril, qu’il faut qualifier pour le moment d’accident collectif, est venue travailler ce traumatisme à coups d’images de gravats, de cabas remplis de vêtements, de la présence des mêmes sapeur·es-pompier·es et des mêmes solidarités de voisinage". Il ajoute : "Depuis cinq ans, des accords ont été passés pour assurer aux délogé·es des droits et un accompagnement, dont les collectifs et associations se font gardiennes. Ils sont applicables ici aussi, au-delà des causes du drame qui diffèrent". 


Selon le maire Benoît Payan, interviewé sur BFMTV, plus de 200 personnes auraient été évacuées. Plusieurs immeubles situés dans la zone des effondrements sont en effet concernés par les opérations d’évacuation.
Marina Fabre Soundron 
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