Publié le 26 octobre 2023
Une nouvelle controverse vient bousculer la préparation de la COP28. Une enquête menée sur les chantiers de la prochaine conférence sur le climat révèle que plusieurs ouvriers ont été exposés à des chaleurs extrêmes, les mettant en danger. La COP devrait pourtant être l’occasion d’aborder les risques posés par le changement climatique sur la santé.
Des chantiers situés en plein soleil, sans protection, sous des températures caniculaires. Voilà les conditions auxquelles ont dû faire face des ouvriers travaillant sur le réaménagement du site Expo City, à Dubaï, à l’occasion de la COP28 sur le climat. À peine plus d’un mois avant l’ouverture de l’événement, un rapport de l’organisme de recherche et de défense des droits humains FairSquare dénonce en effet les circonstances imposées aux travailleurs œuvrant sur les infrastructures de la prochaine conférence mondiale sur le climat. 


En septembre dernier, "au moins deux douzaines" d’ouvriers migrants, venus d’Afrique et d’Asie, ont été exposés durant leurs heures de travail à des chaleurs extrêmes, menaçant leur santé. Selon les informations collectées par FairSquare, la température s’élevait à ce moment-là à 42°C à Dubaï. Combiné à l’humidité, ce niveau de chaleur "peut exacerber l’impact des maladies respiratoires et cardiovasculaires, du diabète et des maladies rénales" en cas d’exposition chronique et même s’avérer fatal dans les cas les plus graves.


"Ce climat n’est pas fait pour les humains"


Les témoignages recueillis par les chercheurs de FairSquare révèlent l’impact physique de telles conditions de travail. "La semaine dernière, j’ai cru mourir à chaque seconde où nous étions dehors… mais nous devons être payés", confie l’un des ouvriers. Tandis qu’il se plaint de maux de tête et de vertiges, un second affirme avoir déjà fait des malaises sur un précédent chantier. "Je pense que ce climat n’est pas fait pour les humains", conclut un autre travailleur. Tous œuvraient alors sur trois des sites qui composeront ou seront à proximité de la zone bleue qui accueille les négociations officielles pendant les deux semaines de la conférence.


Les travaux ont par ailleurs eu lieu sans tenir compte des normes de sécurité appliquées aux Émirats arabes unis. D’après une résolution ministérielle adoptée en 2022, les activités professionnelles sont interdites en extérieur et sous le rayonnement direct du soleil durant les heures les plus chaudes de la journée, du 15 juin au 15 septembre. Or, l’enquête dévoilée par FairSquare démontre que le chantier ne s’est pas arrêté en cours de journée, et ce pour "terminer à temps" le projet. "La COP28 aura lieu dans quelques semaines. De toute façon, la plupart des travaux ne se déroulent que la nuit, mais certains doivent être effectués dès que possible", justifie un salarié en charge de la supervision des travaux.


Une COP28 entachée de polémiques


Ironie de la situation, la conférence sur le climat devrait porter sur les impacts du changement climatique sur la santé. Il y a quelques semaines, Sultan Al Jaber, le Président de la COP28 déclarait vouloir placer le sujet au cœur des discussions. "Le président de la COP veut parler du changement climatique et de la santé à la COP28 ? Ce rapport est un point de départ idéal. Il montre que la crise climatique sera particulièrement dangereuse et mortelle lorsque les lois ne sont pas appliquées et que les droits ne sont pas respectés", souligne Richard Pearshouse, directeur de la division environnement de Human Rights Watch, auprès du Guardian. 


En réponse à l’enquête de FairSquare, la COP28 déclare n’avoir "connaissance d’aucune violation des heures de travail d’été sur le site de la conférence de cette année". Pour autant, ces révélations viennent s’ajouter à plusieurs mois de critiques autour de l’organisation de la conférence aux Émirats arabe unis, à commencer par le choix de son Président, également PDG de la compagnie pétrolière nationale Abu Dhabi National Oil Company. Le 23 mai dernier, une centaine d’élus du Congrès américain et du Parlement européen exigeaient ainsi son retrait. Entachée de polémiques, la COP28 pour le climat constitue pourtant une échéance importante, devant aboutir sur le premier bilan des engagements mondiaux.
Florine Morestin
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