Publié le 24 mars 2020
SOCIAL
Les distributeurs s'engagent à acheter français après la fermeture des marchés en raison du Coronavirus
C'est un coup dur pour les agriculteurs. Face au risque de propagation du Coronavirus, le Premier ministre a interdit les marchés en plein air. La FNSEA, principal syndicat agricole, négocie avec les préfets et maires pour obtenir des dérogations. En attendant, avec Bruno Le Maire, ellea demandé à la grande distribution de s'approvisionner localement pour soutenir l'agriculture française. Les distributeurs ont répondu favorablement à cet appel au "patriotisme alimentaire".

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"Ça a été un choc". Voilà ce que les agriculteurs ont ressenti à l’annonce d’Édouard Philippe, lundi 23 mars, de fermer tous les marchés ouverts pour limiter la propagation du Coronavirus. "Beaucoup de producteurs locaux sont présents sur ces marchés (…) Cette décision ne nous plaît pas", prévient Christiane Lambert, la présidente du principal syndicat agricole, la FNSEA. Le Premier ministre a laissé la main aux préfets et aux maires quant à la possibilité de dérogations, au cas par cas, de ces fermetures de marché.
La FNSEA a donc travaillé "jusqu’à tard" pour mettre à jour son guide de bonnes pratiques dans ces lieux comprenant le rappel des gestes barrières, la possibilité de filtrer le nombre de personnes dans les marchés, la nécessité d’espacer les étals, de ne pas toucher les clients, etc. Grâce à ce guide, elle entend sécuriser les marchés et convaincre les maires de les laisser ouverts. Car pour certains agriculteurs, cette décision est rude. "Nous vendons en circuits-courts, type AMAP, donc nous allons être impactés. Nous cherchons des solutions en local avec nos clients. Peut-être allons-nous livrer à domicile. Tout va s’étudier", explique François Gilard, agriculteur bio dans le Puy-du-Dôme qui ne comprend pas la décision du gouvernement.
Face à cette situation exceptionnelle, la FNSEA a appelé la grande distribution à s’approvisionner en local et ainsi soutenir l’agriculture française. Et les distributeurs ont répondu présent. "Toutes les chaînes sont en train de passer à un approvisionnement français. Les produits étrangers qui sont présents en rayons seront écoulés mais il n'y aura pas d'approvisionnement hors de France", explique dans Les Echos la Fédération du commerce et de la distribution. Carrefour, Leclerc, Intermarché... tous se sont engagés dans cette démarche.
Une initiative saluée par le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume qui se félicite de ce "patriotisme alimentaire". "La semaine dernière, les agriculteurs français ont vu d’un mauvais œil la présence d’asperges et de fraises d’Espagne pas chers dans les rayons des supermarchés alors qu’ils doivent laisser les produits dans leurs champs par manque de main-d’œuvre", explique Christiane Lambert soulagée que les distributeurs "jouent le jeu".
"Des bras pour ton assiette" : un appel à aider les agriculteurs
Il faut dire que la situation est particulièrement tendue dans le maraîchage. Les agriculteurs, soutenus par le gouvernement, cherchent 200 000 volontaires pour les aider dans les champs. Habituellement, deux tiers de ses emplois sont pourvus par des salariés étrangers, mais avec la fermeture des frontières, le secteur fait face à une pénurie de bras. Pour garantir la sécurité alimentaire, la plateforme "Des bras pour ton assiette" vient d’être lancée en partenariat avec Pôle emploi. Elle permet aux agriculteurs de déposer leurs demandes de main-d’œuvre et aux Français d’y répondre. La FNSEA garantit que toutes les règles sanitaires seront respectées.
"Rejoignez celles et ceux qui vont nous permettre de nous nourrir de façon propre, saine et durable", a appelé le ministre de l’Agriculture évoquant la "solidarité nationale". Alors que la FNSEA dénonce depuis des années "l’agribashing" elle se félicite de ses "retrouvailles" avec les consommateurs et de cette volonté, nouvelle, du gouvernement, de relocaliser l’alimentation. Elle espère que cette nouvelle façon de "repenser la sécurité alimentaire française et européenne" se sentira dans les négociations de la future PAC, la politique agricole commune. "Il faut produire plus et mieux avec moins d’impact mais il faut produire", tacle Christiane Lambert pour qui la production massive en France qu’elle défend se heurtait, jusqu'ici, à la volonté de montée en gamme de l’agriculture française défendue par le Président de la République.
Marina Fabre, @fabre_marina