Publié le 15 janvier 2024
Laï Ching-Te, le candidat du Parti Démocrate Progressiste, a été élu président de Taïwan et la Chine voisine n’est pas contente. Cette élection s’est déroulée dans un contexte tendu puisque les Taïwanais veulent garder leur autonomie face au géant voisin qui considère que l’ile leur appartient. Elle symbolise les tensions électorales de l’année 2024 : 76 scrutins vont concerner plus de la moitié de la population mondiale et 40% de son PIB. Leurs résultats seront déterminants pour la diplomatie climatique et l’avenir de l’économie mondialisée.

La Chine menace plus que jamais Taïwan sur les plans militaire, diplomatique et économique. La défaite de son candidat aux élections présidentielles le 13 janvier, face à Laï Ching-Te, le candidat du Parti Démocrate Progressiste est pour elle une provocation. Elle craint des velléités d’indépendance et pourrait intervenir, ce qui perturberait grandement le fonctionnement du détroit de Taïwan. Or 80% du marché mondial des puces électroniques les plus performantes vient de l’ile de Taïwan, du Japon et de la Corée du Sud. Si elles ne peuvent plus être acheminées vers le reste du monde, les impacts sur l’économie mondiale seront bien plus importants que les actuelles perturbations du trafic de containers dans la Mer Rouge.
Dans un monde en crise, les élections deviennent des enjeux encore plus cruciaux. Huit des pays les plus peuplés au monde vont connaitre des élections décisives cette année : l’Inde, les États-Unis, l’Indonésie, le Pakistan, le Brésil, le Bangladesh, le Mexique et la Russie. L’Europe de son côté attend avec inquiétude les résultats de ses élections de juin tant le risque d’assister à une poussée populiste capable de paralyser le Green Deal et toute l’ambition climatique qui découle de ces règlementations, est grand. Les Pays-Bas ont envoyé un signal préoccupant en novembre dernier. 

76 scrutins en 2024


Seuls 43 des 76 scrutins prévus en 2024 se déroulent dans des démocraties, où la capacité des électeurs à imposer leurs vues reste forte même si elle peut être fortement influencée, en particulier via les réseaux sociaux. Les intérêts en jeu sont énormes puisque les pays en stress électoral représentent 41% du PIB mondial. Au-delà des deux guerres les plus médiatisées, en Ukraine et à Gaza, les tensions planétaires sont multiples. Trois zones sont particulièrement sensibles pour l’organisation du commerce mondial. Le détroit de Formose (Taïwan), celui d’Ormuz pour les énergies fossiles et celui du Bosphore qui sépare l’Europe de l’Asie.
C’est la thèse de Thomas Gomart, directeur de l’Ifri (Institut français des relations internationales) qui vient de publier aux éditions Tallandier : "L’accélération de l’histoire. Les nœuds géostratégiques d’un monde hors de contrôle". L’idée du livre est née d’un voyage sur une frégate de la marine française qui lui a permis de constater, comme il l’a expliqué sur France Inter ce week-end, que "l’accélération est d’abord environnementale et technologique mais aussi stratégique, au sens où il y a une multiplication des actions délibérées, intentionnelles, pour modifier le rapport de forces".

Aux États-Unis, la menace Trump


Cette année électorale exceptionnelle va cristalliser ces rapports de force d’une façon ou d’une autre non seulement pour l’action globale contre le changement climatique mais aussi plus largement pour la survie d’un modèle d’économie mondialisée. Pour le climat, la menace la plus sérieuse vient de Donald Trump. Si ses fans l’emportent, les États-Unis, premier émetteur mondial de gaz à effet de serre et producteur de pétrole, vont retrouver un président ouvertement climato-sceptique qui appelle à forer toujours plus. La diplomatie climatique mondiale connaîtrait alors un nouveau coup d’arrêt qui pourrait être amplifié par la COP29 organisée en Azerbaïdjan
L’accélération des catastrophes climatiques pourrait jouer un rôle d’éveilleur de conscience auprès des électeurs. Ils iront du coup chercher de nouvelles propositions politiques pour se protéger des crises environnementales et sociales qui conjuguent leurs effets …ou pas. Premier test ce lundi 15 janvier avec le caucus pour désigner le candidat des Républicains à la présidentielle américaine. La météo risque cependant de porter un coup à la participation puisque le Midwest américain, dont l’Iowa, subit actuellement une vague de froid glacial et de fortes chutes de neige.
Anne-Catherine Husson-Traore, directrice des publications de Novethic

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