Publié le 17 janvier 2022

POLITIQUE

Primaire Populaire : le soutien de Christiane Taubira suffira-t-il à lancer le débat de fond ?

La campagne des Présidentielles 2022 ressemble à une course d’écuries individuelles où n’est débattue que la progression comparée des uns et des autres dans les sondages. Primaire après primaire, le débat de fond sur les dimensions sociales et environnementales des programmes n’a toujours pas démarré. A moins de trois mois du premier tour, la Primaire populaire veut le lancer mais Christiane Taubira est la seule des candidats retenus qui la soutient. Reste l’appli Elyse pour évaluer quel programme et donc quel candidat matche avec ses attentes !

Taubira primaire populaire JEAN PHILIPPE KSIAZEK AFP
L'ancienne garde des Sceaux se présentera à l'élection présidentielle seulement si elle sort gagnante de la Primaire populaire.
JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP

Un peu plus de 80 jours avant le premier tour des Présidentielles, organisé pendant les vacances scolaires, cette année électorale restera sans doute celle où le débat politique de fond aura été le plus absent. Les primaires servent en principe à donner de la visibilité aux échanges d’idées et de programmes pour les faire connaître aux Français et les aider à éclairer leurs votes. En 2017, 4,3 millions de personnes avaient participé à celle de la droite qui avait désigné François Fillon et 1,6 million à celle de la gauche qui avait désigné Benoit Hamon.

C’est finalement Emmanuel Macron, qui n’avait participé ni à l’une ni à l’autre, qui a été élu. Ceci explique sans doute l’envie de renouveler le processus qui a mobilisé beaucoup moins de monde pour 2022. Les deux premières étaient liées à des partis politiques. Yannick Jadot a remporté la Primaire Écologiste à laquelle ont participé un peu plus de 100 000 personnes, Valérie Pécresse celle des Républicains, à laquelle ont participé 140 000 inscrits. La dernière primaire programmée du 27 au 31 janvier est toute autre : elle répond à un processus différent. La Primaire dite Populaire est le fruit d’un processus de concertation citoyenne lancée en janvier 2021. La barre des 250 000 personnes inscrites a été franchie ce lundi 17 janvier. 

Elle s’inscrit plutôt à gauche mais hors parti et a pour ambition de choisir la "personnalité à même de porter les valeurs écologiques, démocratiques et sociales" par un "jugement majoritaire". Elle a dévoilé le 15 janvier la liste des sept noms qui seront soumis au vote : Anna Agueb-Porterie, Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Pierre Larrouturou, Charlotte Marchandise, Jean-Luc Mélenchon et Christiane Taubira. Cette dernière a justement choisi la même date pour lancer sa candidature depuis la colline de la Croix Rousse à Lyon, symbole de la lutte des canuts, ces ouvriers des usines textile qui voulaient "vivre en travaillant ou mourir en combattant". Elle assure qu'elle se pliera au vote final de cette primaire populaire, contrairement à Anne Hidalgo, Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot.

"Dix mesures de rupture"

Autre échec pour l’initiative, la couverture médiatique qui ne s’est focalisée que sur cette bataille de personnes et n’a pas accordé d’attention au fond, ce socle commun élaboré par la Primaire Populaire après des mois de consultation. L’initiative innove pourtant avec ses "dix mesures de rupture". Sur le plan environnemental, le socle de la primaire populaire propose deux lois fondamentales sur le climat et la transition alimentaire pour "reconvertir l’économie" et aller vers "une agriculture écologique et paysanne". Sur le plan social, cinq mesures visent à créer un "big bang de la fiscalité afin qu’elle soit plus juste et écologique", investir massivement dans les secteurs de la santé et de l’éducation, réduire les écarts de salaire, diminuer le temps de travail pour mieux le répartir, faciliter l’accès aux services essentiels (énergie, eau, sécurité alimentaire) et établir un revenu minimum pour les plus de 18 ans. La Primaire populaire veut aussi prendre des mesures d’ordre plus démocratique : reconnaissance du vote blanc, "fin de la monarchie présidentielle avec une 6ème République", et reconquête des libertés.

Les futurs électeurs semblent pourtant s’intéresser davantage aux programmes que les médias. En témoigne le succès foudroyant de l’application Elyze. Développée par des étudiants, elle a déjà été téléchargée plus de 500 000 fois et propose de "swiper les propositions pour découvrir quel candidat est fait pour toi". Les propositions de chaque candidat sont présentées sans les attribuer à l’un ou à l’autre. Il faut se prononcer avec des smileys sur chacune d’elle afin de savoir quel candidat matche le plus avec ses idées ! Si l’appli serait victime de son succès, ce qui génèrerait des bugs, elle témoigne de l’envie des jeunes et des moins jeunes de connaitre l’offre politique par le biais des propositions. Il reste encore 80 jours pour en débattre !

Anne-Catherine Husson-Traore,  @AC_HT, Directrice générale de Novethic


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