Publié le 29 septembre 2021
POLITIQUE
Le drapeau écologiste sera porté par Yannick Jadot qui élargit son horizon de campagne
Et si la campagne présidentielle avait vraiment commencé avec la Primaire écologiste qui, contre vents et marées médiatiques, a tenté de dessiner un nouvel agenda politique ? Yannick Jadot a battu d’une très courte tête Sandrine Rousseau lors du second tour de la primaire du parti. Un score serré qui va imposer les thèmes sociaux et environnementaux dans la campagne. Les Verts se placent en opposition à Éric Zemmour, qui n’a pas encore annoncé sa candidature.

@Antonin Burat-Hans Lucas-Hans Lucas via AFP
Avec plus de 100 000 votants et des débats nourris entre les divers candidats, la primaire écologiste aura, in fine, injecté dans la campagne présidentielle de nouveaux thèmes portés par Sandrine Rousseau : écoféminisme, justice sociale et nécessité de changements radicaux. Elle a obtenu un excellent score (48,97 %) et son agenda sera donc en partie repris par Yannick Jadot qui a aussitôt lancé sa campagne avec l’espoir de "devenir le président du climat". Mais mettre le climat en haut de l’agenda politique reste un défi face à la mobilisation médiatique autour d’Éric Zemmour.
Félicitations @yjadot et son équipe. Et merci à vous pour cette mobilisation exceptionnelle.
Ne doutons jamais de notre puissance: un mouvement historique s’est levé. Nous sommes désormais plus visibles et audibles. Déterminé•e•s à faire gagner, ensemble, l'écologie politique !— Sandrine Rousseau (@sandrousseau) September 28, 2021
"Notre France est plus forte, plus belle, plus fière que leurs délires identitaires et que leur nostalgie régressive", a lancé Yannick Jadot peu après avoir été désigné comme candidat écologiste aux Présidentielles de 2022. Il a ainsi acté que l’adversaire de la mouvance écologiste était bien le courant de pensée incarné par Éric Zemmour qui tente, avec une puissance de feu médiatique considérable, de faire de l’immigration et de l’islam les thèmes dominants de la campagne présidentielle. Pour le candidat écologiste, c’est la lutte contre le changement climatique qui doit être le ciment fédérateur d’un pays où, s’il est élu, "chaque euro d’argent public dépensé dans les marchés publics, les subventions à l’économie et aux entreprises, sera vertueux pour le climat, la biodiversité, la justice sociale et l’égalité femmes-hommes".
Le climat au cœur de la campagne allemande
Quel sera le destin politique de cette candidature écologiste qui veut rassembler large en proposant un "avenir bienveillant aux générations rassemblées pour réparer la France" ? Selon les sondages, elle serait autour de 7 % des intentions de votre, loin derrière Zemmour, qui, sans être candidat, est crédité de 13 % dans le dernier sondage Harris Interactive pour Challenges. Mais aujourd’hui tester des noms a d’autant moins de sens qu’une bonne partie d’entre eux, y compris le Président de la République, n’a rien dit de ses intentions. Les jeux sont donc exceptionnellement ouverts à six mois des élections.
Les candidats à la présidentielle française regarderont sans doute avec intérêt le scénario politique que vient de vivre l’Allemagne. La victoire du SPD était inimaginable six mois auparavant tant il était bas dans les sondages, et le changement climatique comme le mix énergétique allemand ont été des thèmes cruciaux de débats où le mot islam n’a même pas été prononcé. Dans un pays traumatisé par la violence des inondations de l’été, le climat est devenu la première préoccupation des Allemands. Il a rassemblé des centaines de milliers de personnes dans les rues pour une manifestation monstre, à 48 heures du scrutin. Les Français pourraient eux aussi réserver des surprises à ceux qui ne seraient pas crédités de prendre les enjeux climatiques au sérieux.
Anne-Catherine Husson-Traore, @AC_HT, Directrice générale de Novethic