Publié le 29 juin 2020
POLITIQUE
Grégory Doucet, Pierre Hurmic, Jeanne Barseghian : trois maires EELV inconnus au plan national qui s’emparent des plus grandes villes françaises
Un véritable coup de tonnerre vert a retenti en France lors du second tour des élections municipales. Trois inconnus issus des rangs des d’EELV ont pris la tête de trois des plus grandes villes de France : Lyon, Bordeaux et Strasbourg. Tous trois y vivent depuis leur jeunesse et s’y sont engagés dans le milieu associatif avant de s’intégrer peu à peu à la gestion de la municipalité.

@DR
Grégory Doucet, l'humanitaire écolo à la tête de Lyon
Grégory Doucet a réalisé un exploit en ravissant la troisième ville de France, baronnie de Gérard Collomb depuis presque 20 ans. Le futur maire a toujours eu la fibre citoyenne et engagée. "Adolescent déjà, j'écrivais une lettre au maire pour lui dire que la ville était défigurée par les panneaux publicitaires", raconte-t-il à l'AFP. Fils d'un père cadre dans l'industrie pétrolière et d'une mère secrétaire dans une banque, il grandit en région parisienne et reconnaît avoir "assez tôt tenté de convaincre ses parents" de ses convictions. Étudiant, il préside Genepi, association dans laquelle des étudiants intervenaient en prison.
Son engagement politique au sein d'EELV ne viendra qu'en 2007 lorsqu'il prend des responsabilités locales en devenant le secrétaire du parti dans le Rhône. Mais à 46 ans, Grégory Doucet a surtout une solide carrière de cadre dans l'humanitaire. Formé à l'école de commerce de Rouen, il fait ses armes à l'Adie, spécialiste du microcrédit, puis chez Inter Aide où il enchaîne les missions longues à l'étranger. En 2009, il rejoint le siège de Handicap International (HI) où il devient responsable des opérations en Afrique de l'Ouest.
Pierre Hurmic, un vert de Bordeaux
L'écologiste Pierre Hurmic, qui enlève Bordeaux à la droite, a longtemps attendu son heure, opiniâtre opposant d'Alain Juppé pendant 25 ans, avant d'être porté par une "vague verte". Cet avocat de 65 ans gagne une ville à droite depuis sept décennies. Il pensait devoir encore attendre son heure en voyant défiler la "Génération Greta". Car "ils ne votent pas, les gamins !", se désespérait-il, relevant que "ce qui est nouveau par contre, c'est qu'ils emmènent leurs parents voter" écolo.
Ce natif de Saint-Palais (Pyrénées-Atlantiques) est venu étudier à Bordeaux pour n'en plus repartir. Bien avant d'être élu, il menait des combats associatifs. Contre le métro, que voulait le maire gaulliste Jacques Chaban-Delmas, au lieu du tramway, "mieux adapté à une ville ni dense, ni compacte" et que "Juppé eut l'intelligence" de choisir. Ce dernier avait d’ailleurs tenté un rapprochement en vain en 2008. Silhouette à vélo familière, Pierre Hurmic fait partie intégrante du paysage politique bordelais. "Rouage du système", cinglait même son rival à gauche, Philippe Poutou.
Jeanne Barseghian, une juriste pour verdir Strasbourg
Élue haut la main dimanche maire de Strasbourg, l'écologiste Jeanne Barseghian, 39 ans, est une spécialiste du droit de l'environnement qui veut verdir davantage encore Strasbourg et faire de la métropole alsacienne la "capitale européenne de la transition écologique, sociale et démocratique".
Née en 1980 à Suresnes (Hauts-de-Seine), en banlieue parisienne, elle grandit entre Paris et la Normandie où ses parents (père avocat et mère juriste) habitent toujours. Sa maîtrise franco-allemande en droit européen et international en poche, cette polyglotte (elle parle allemand, anglais et arménien) file ensuite outre-Rhin pour y peaufiner sa formation, d'abord à Münster, puis à Potsdam, près de Berlin. C'est dans la capitale allemande, "une ville inspirante par les énergies citoyennes qui y existent", qu'elle prend conscience des enjeux écologiques : elle devient végétarienne et décide de se spécialiser en droit de l'environnement.
À son retour en France, en 2002, elle s'installe à Strasbourg, qu'elle ne quittera plus, pour y étudier le droit de l'environnement et suivre une formation d'éco-conseillère. Très investie dans le milieu associatif strasbourgeois, elle œuvre pour des projets de coopération avec l'Arménie, pays d'origine de son père, puis travaille à partir de 2012 aux côtés des élus écologistes à la Région Alsace. En 2013, elle rentre à EELV et coordonne la rédaction du programme des écologistes pour les municipales de 2014 à Strasbourg. Élue conseillère municipale, elle est alors nommée co-présidente du groupe.
Ludovic Dupin avec AFP