Publié le 04 décembre 2018
INFOGRAPHIES & VIDÉOS
[Infographie] Le charbon, toujours la première source d'électricité dans le monde
On parle de lui comme une énergie du passé et on assure que 40 % des centrales ne seraient même pas rentables à travers le monde. Pourtant, le charbon reste encore le principal moyen de produire de l’électricité et, alors que sa consommation s’est accrue en 2017, elle devrait encore stagner jusqu’en 2040 sans réel déclin. De quoi compliquer sérieusement la bataille climatique.

@CC0
Le charbon est le plus gros émetteur de CO2. Pourtant, il reste encore le principal moyen de produire de l'électricité à travers le monde. La demande ne tarit pas, surtout en Asie. Elle a de nouveau progressé en 2017 après deux ans de déclin et devrait encore stagner jusqu’en 2040, d’après les prévisions de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). "De nombreuses économies en développement considèrent le charbon comme important pour leur développement économique en raison de sa disponibilité et de son coût relativement bas", relève l'agence internationale.
Si la Chine est de loin le premier consommateur, et le premier producteur, l’Inde devrait bientôt prendre sa place. D'autres pays enregistrent de fortes croissances de la demande comme l’Indonésie, la Malaisie, le Pakistan, les Philippines et le Vietnam. Or, pour être en ligne avec les objectifs de l’Accord de Paris, les pays de l’OCDE et de l’Union européenne devront se passer de charbon d’ici 2030, la Chine d’ici 2040 et le reste du monde d’ici 2050. Un pari impossible ?
Rentabilité limitée
L’argument économique pourrait peser dans la balance. D’après une récente étude de Carbon Tracker, plus de 40 % des centrales au charbon dans le monde ne sont pas rentables et ce taux pourrait dépasser 70 % d'ici 2040. En outre, d’ici 2030, il sera moins coûteux de recourir aux nouvelles sources d'énergie solaire et aux éoliennes que de continuer à faire fonctionner 96 % des centrales au charbon existantes ou en projet, précise le think tank.
Beaucoup misent par ailleurs sur le captage et le stockage du CO2 pour limiter l'impact du charbon sur le climat mais cette technologie reste encore trop coûteuse et donc peu développée. 2,4 millions de tonnes de CO2 sont actuellement concernées chaque année alors que pour respecter l’Accord de Paris, il faudrait atteindre 350 millions de tonnes de CO2 en 2030.
Alliance mondiale contre le charbon
Parallèlement, un mouvement mondial est lancé pour sortir du charbon. De nombreux pays engagés à exclure cette énergie polluante sont réunis au sein de l’alliance Powering Past Coal (PPCA). Elle compte désormais 28 membres parmi lesquels le Canada, le Royaume-Uni, la France, le Mexique ou encore les Îles Marshall. Plus récemment, la Hongrie et l’Espagne ont également annoncé vouloir fermer leurs centrales à charbon.
Selon une récente étude de l’Iddri, "il est possible de mettre en œuvre des trajectoires de sortie du charbon compatibles avec l’Accord de Paris, tant du point de vue social qu’économique, dans les principaux pays producteurs et utilisateurs de charbon d’ici 20 ou 30 ans", Chine et Allemagne inclus. Le déclic viendra peut-être de la rue. Le week-end dernier, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Berlin et à Cologne pour enjoindre le gouvernement allemand à sortir du charbon, alors que s’ouvrait la COP24.
Concepcion Alvarez, @conce1