Publié le 22 septembre 2020
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[Infographie] Les 1 % les plus riches de la planète émettent deux fois plus de CO2 que la moitié la plus pauvre de l’humanité
Si la pandémie de Covid-19 a mis à l’arrêt une grande partie des activités mondiales faisant baisser les émissions de C02 en 2020, ce répit pourrait être de courte durée. Ces dernières décennies, la crise climatique s’est aggravée et les pays les plus riches ainsi que les ménages les plus aisés en sont les premiers responsables. C’est le constat du nouveau rapport d’Oxfam qui met en lumière les inégalités en matière d’émissions de CO2. Les principales données sont résumées en une infographie.

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Ce n’est à première vue pas très étonnant : les plus riches polluent plus que les plus pauvres. Mais les chiffres détaillés donnent le tournis. Publiés par Oxfam International lundi 21 septembre (1), ils montrent bien la responsabilité des pays riches, mais aussi des ménages les plus aisés, dans le changement climatique. On trouve en tête l’Amérique du Nord et l’Union européenne, mais aussi la Chine dont le développement des classes aisées et moyennes a été exponentiel ces dernières années. Le Moyen-Orient est aussi représenté en se classant dans le Top 3 des pays qui détiennent une partie des 1 % les plus riches.
Selon les données de l'ONG, les 10 % les plus riches de la planète sont responsables de 52 % des émissions cumulées entre 1990 et 2015, contre seulement 7 % pour les 50 % les plus pauvres. Ces derniers n’ont d’ailleurs quasiment pas accru leurs émissions en 25 ans, alors qu’elles ont explosé chez les plus riches et dans les classes moyennes. À ce rythme, les 10 % les plus riches de la planète brûleraient à eux seuls le budget carbone restant d'ici 2033 même si les émissions du reste de la population mondiale devenaient nulles dès demain.
Seuls 5 % des ménages européens sont alignés avec l’objectif 1,5°C
Au niveau mondial, les 10 % les plus riches ont une empreinte carbone de 21 tonnes de CO2 par an et par habitant. Elle grimpe à 73,5 tonnes pour le 1 % le plus riche de la planète. Or, dans un scénario 1,5°C, notre empreinte carbone ne devrait pas dépasser les deux tonnes par habitant et par an d’ici 2030, soit un écart dix à 35 fois plus élevé. Et ces disparités sont également présentes au sein de l’Union européenne. Selon une étude de la Cambridge University (2), les 1 % des plus riches ont une empreinte carbone 22 fois supérieur à cet objectif de deux tonnes, tandis que seuls 5 % des ménages européens s’y conforment.
En cause, le transport - aérien et terrestre - qui représente de loin la plus grande part des émissions parmi ces forts émetteurs au sein de l’UE. Le secteur se révèle également la catégorie de consommation la plus inégalitaire, avec une forte élasticité de la demande en fonction du revenu contrairement à la consommation d’électricité et au chauffage résidentiel, qui ont tendance à constituer la plus grande part des émissions de CO2 des groupes de revenus inférieurs et qui peuvent donc être considérés comme des biens de base.
Oxfam défend dès lors la mise en place d’impôts ou d'interdictions sur les articles de luxe à forte empreinte carbone comme les SUV, les super-yachts et les voitures de sport haut de gamme, ou les vols fréquents en classe Affaires ou en jet privé. "L’investissement public, par exemple pour l’amélioration énergétique de logements abordables, se révèle en revanche plus indiqué pour réduire les émissions de CO2 associées au chauffage résidentiel, car cela évite de pénaliser les foyers à revenus plus faibles" précise également l’ONG.
Concepcion Alvarez @conce1
(1) Voir l'étude d'Oxfam
(2) Voir l'étude de la Cambridge University