Publié le 17 janvier 2018
GOUVERNANCE D'ENTREPRISE
Fake news, harcèlement et contenus haineux menacent la valeur de Twitter et Facebook, selon les actionnaires
Fake news, contenus à caractères haineux et harcèlement sexuels envahissent les plateformes de réseaux sociaux. Après les plaintes de particuliers et les rappels à l’ordre de gouvernements, les investisseurs font également monter la pression. Le fonds de retraite de l’État de New York et une société d’investissement durable, Arjuna Capital, ont déposé des résolutions d’actionnaires sur ce sujet auprès de Twitter et Facebook.

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Jeudi 11 janvier, des fonds ont déposé deux résolutions, auprès de Twitter et Facebook, pour leur demander de mieux lutter contre le harcèlement sexuel, les fausses nouvelles et les discours de haine. Et pas des moindres. Le premier est le fonds de retraite de l’État de New York, qui gère 200 milliards de dollars. Le second est Arjuna Capital, une société spécialisée dans l’investissement durable. Cette dernière est considérée par Bloomberg comme l’une des 50 entreprises les plus influentes de l’économie en 2017.
Ces deux fonds ont depuis été rejoints par Michael Frerichs, trésorier de l'État de l'Illinois, et Baldwin Brothers & Harrington Investments, des gestionnaires d'actifs.
Une menace pour la valeur des entreprises
"La croissance rapide du mouvement #MeToo, l'ingérence électorale américaine en 2016, le ciblage de publicités raciste (1), le rôle regrettable joués par Facebook et Twitter (...) ont été des facteurs clés pour déposer ces résolutions uniques en leur genre", ont déclaré Arjuna Capital et le fonds de pension new-yorkais. Si plusieurs résolutions ont déjà été présentés sur ces sujets, notamment par Arjuna Capital, elles étaient davantage ciblées, par exemple seulement sur les fake news.
Les résolutions de janvier demandent des rapports détaillés de Facebook et Twitter sur leurs politiques destinées à lutter contre ces contenus trompeurs ou haineux. Elles enjoignent aussi les entreprises à montrer en quoi ces mesures sont efficaces. Selon Natasha Lamb, Managing Partner d'Arjuna, la mauvaise gestion de ces contenus représente un risque pour les plateformes car les utilisateurs quittent souvent les réseaux après des expériences désagréables ou préjudiciables.
Des actionnaires optimistes
Pour les actionnaires, la faiblesse des mesures actuelles menace la valeur à long terme de ces entreprises. Or le fonds de retraite new-yorkais est un actionnaire de poids de Facebook : il détient quelque 6,7 millions d'actions de la firme de Mark Zuckerberg, soit près de 1,1 milliard de dollars. Il possède également plus d'un million d'actions de Twitter, évaluées à 35 millions de dollars.
À ce jour, Twitter a refusé de commenter ces résolutions. Un porte-parole de Facebook a, quant à lui, expliqué que l’entreprise aborde habituellement ces questions dans une déclaration qu’elle publie en avril.
L’an dernier, la résolution déposée contre Facebook portant sur les fake news n’avait pas pu passer sachant que Marck Zuckerberg détient la majorité du capital. L’entreprise jugeait alors qu’un rapport sur les fake news n’était pas nécessaire et ne bénéficierait pas aux actionnaires.
Mais le président fondateur du réseau social a depuis montré bien plus d’intérêt sur la question en déclarant vouloir "réparer Facebook". Les auteurs des résolutions se disent donc "relativement optimistes" sur le fait d’être entendus.
Béatrice Héraud @beatriceheraud
(1) En septembre 2017, des publicitaires ont utilisé Twitter Ads pour cibler 26,3 millions d’utilisateurs utilisant les termes racistes "Wetback" (désignant les immigrés notamment mexicains qui traversent le fleuve Rio Grande pour venir illégalement aux Etats-Unis), "Nigger" ou "Nazi".