Publié le 19 mai 2015
GOUVERNANCE D'ENTREPRISE
Les actionnaires de Shell lui demandent de s’orienter vers une stratégie bas carbone
Et de deux ! Les actionnaires de Shell ont voté aujourd’hui à 98,9 % en faveur de la résolution lui demandant d'effectuer une transition vers une économie bas carbone. L’AG (assemblée générale) de BP avait, quelques semaines auparavant, connu les mêmes débats et les mêmes scores. Les compagnies pétrolières européennes changent d’époque sur la demande insistante de leurs actionnaires.

David Ryder / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
C’est une petite révolution qui est en train de s’opérer au sein des compagnies pétrolières. Quelques semaines après les actionnaires de BP, ce sont ceux de Shell qui ont montré ce 19 mai lors de l’assemblée générale leur volonté de voir le groupe anglo-néerlandais intégrer la menace du changement climatique dans sa stratégie. Et ce par un score sans appel : 98,9% ont voté en faveur de la résolution déposée par la coalition d’actionnaires Aiming for A et demandant à Shell d’être plus transparent sur l'impact du risque carbone en matière de retour sur investissement pour les détenteurs d’actions.
Un véritable changement de stratégie en perspective
"Un nombre significatif de ses actionnaires avait besoin qu’elle [commence à effectuer] une transition vers une économie bas carbone", a ainsi expliqué à la compagnie le représentant du fonds de pension américain Calpers. Car ils en sont persuadés : le changement climatique va affecter la compagnie. La seule question étant de savoir quand et avec quelle ampleur.
Un discours jusque-là martelé par les ONG environnementales, qui mène une guerilla à Shell depuis des années sur son projet de forage en Arctique. Signe révélateur de changements radicaux, il a désormais trouvé un écho à l’assemblée générale du groupe parmi ses actionnaires. "Aujourd’hui, les investisseurs institutionnels ont posé des questions très précises sur le changement climatique" explique Louise Rouse, spécialiste de l’engagement actionnarial qui assistait à la réunion. "Aviva investors lui a par exemple demandé s’il avait fait des stress tests sur la valeur de ses actifs et de ses investissements, en cas d’effondrement des prix du pétrole."
Exigence de cohérence et mobilisation à suivre
Autre grand moment pénible pour la direction de Shell : ses actionnaires ont souligné l’incohérence de sa stratégie. Les dirigeants avaient en effet appelé à soutenir la résolution sur le changement climatique, et ce au moment même où il décidait de retourner forer en Arctique… Aujourd’hui, au cours de l’assemblée générale, le patron de Shell a donc dû reconnaitre "qu’il est incohérent de forer en Arctique et d’avoir une politique climatique crédible."
Résultat : Shell va devoir revoir sa stratégie.
Prochain round fin mai avec les AG de Chevron et d'Exxon aux États-Unis. Ces deux compagnies ont aussi leur résolution sur le changement climatique mais cette fois, leurs directions s’y opposent énergiquement. Du coup, les activistes appellent à la mobilisation les bénéficiaires des fonds de pension.