Publié le 23 mars 2018
GOUVERNANCE D'ENTREPRISE
Les actionnaires de Disney votent contre la rémunération du PDG
Pour la première fois, les actionnaires de Walt Disney ont rejeté la politique de rémunération de leur dirigeant Bob Iger. Bien que ce vote soit non contraignant, il fait écho à la fois aux considérations des sociétés de conseil ISS et Glass Lewis pour qui l'augmentation de Bob Iger est "inquiétante" mais aussi aux revendications des salariés de Disneyland qui critiquent les écarts de salaire au sein du groupe.
C’est un vote non contraignant certes, mais il est hautement symbolique. Les actionnaires de Walt Disney ont rejeté, jeudi 8 mars, la nouvelle politique de rémunération du PDG du groupe, Bob Iger. Selon les résultats de l’Assemblée générale communiqués par Walt Disney, 52 % des actionnaires ont voté contre, 44 % pour et 4 % se sont abstenus. C’est la première fois que le groupe fait face à une telle situation.
"Le conseil d’administration accepte le résultat de ce vote non contraignant et prendra la décision en délibéré pour la future rémunération du PDG", a expliqué dans un communiqué Aylwin Lewin, président de la commission des rémunérations.
Une augmentation de 36,6 millions à 48,5 millions de dollars
En 2017, Bob Iger a reçu 36,3 millions de dollars de rémunération au cours de l’année. Selon le Financial Times, sa rémunération devrait atteindre les 48,5 millions de dollars dans le cadre d’un nouveau contrat prolongeant son mandat jusqu’en 2021. Le PDG devait initialement quitter ses fonctions en 2019 mais la future acquisition pour 66 milliards de dollars de 21st Century Fox a changé la donne.
"En envisageant (cette) acquisition stratégique et sa contribution directe à la valeur actionnariale à long terme, le Conseil a décidé qu’il était impératif que Bob Iger demeure PDG jusqu’en 2021 pour fournir la vision et le leadership nécessaire pour mener à bien l’acquisition la plus importante et la plus complexe de l’histoire de la société", a souligné Aylwin Lewin.
Un salaire hors marché
Or, plusieurs cabinets de conseil avaient appelé à voter contre cette rémunération. "Les paiements substantiels à Bob Iger dans le cadre de son extension de contrat et de la prochaine fusion de 21st Century Fox sont préoccupants", s’alarmait ISS, Insitutional Shareholder Services dans un rapport. "Le salaire de M. Iger dépasse largement celui des autres PDG du marché", ajoutait de son côté Glass Lewis and Co.
Au-delà de l’appel de ces cabinets, les actionnaires ont également été mis sous pression par des mouvements de grève au sein de Disneyland Resort. Plusieurs syndicats ont souligné l’écart de salaire dans l’entreprise. Selon le Los Angeles Times, une étude menée par l’Economic Roundtable a montré que le salaire moyen des travailleurs de Disneyland Resort avait diminué de 15 % passant de 15,80 dollars à 13,36 dollars.
Marina Fabre, @fabre_marina