Publié le 1 juin 2017
La Commission européenne devait proposer pour la cinquième fois, mardi 30 mai, une définition des perturbateurs endocriniens aux États membres. Elle a finalement dû y renoncer, faute d'accord entre les pays. En attendant une réglementation, ces substances dangereuses continuent d'être commercialisées sans restriction. Hasard du calendrier, le même jour, le vote d'une nouvelle autorisation pour 10 ans du glyphosate, herbicide phare de Monsanto a lui aussi été repoussé.

Cinquième loupé pour la Commission européenne. Mardi 30 mai, elle a renoncé à présenter au vote sa définition et ses "critères d’identifications" des perturbateurs endocriniens. Ces produits chimiques capables de modifier le système hormonal sont présents partout : produits d’hygiène,  meubles, électronique, alimentation…
L’enjeu est pourtant de taille. Il s’agit de donner un cadre réglementaire aux perturbateurs endocriniens pour pouvoir enfin maîtriser leur utilisation sur le marché. Bruxelles doit légiférer sur cette question… depuis 2009 ! Après 6 années d’inaction, elle a été condamnée par le tribunal de l’Union européenne pour son immobilisme.
"Un niveau de preuves inatteignable"
Paradoxalement, ce nouvel échec de la Commission est une "bonne nouvelle", pour l’association environnementale Générations futures. "Si elle était adoptée en l’état, cette définition laisserait sur le marché un trop grand nombre de pesticides porteurs de perturbateurs endocriniens", explique-t-elle.
Plusieurs États, dont la France qui a mené ce combat lorsque Ségolène Royal était ministre de l’Environnement, estiment que les définitions proposées par la Commission ne sont pas assez protectrices. Ils reprochent à la Commission de ne pas respecter le principe de précaution. Même si la proposition a évolué depuis février, "Le niveau de preuves (de la dangerosité des perturbateurs endocriniens, Ndlr) exigé par la Commission européenne est inatteignable", estime François Veillerrette, président de Générations Futures. 

Le ministère de la Transition écologique et des solidarités, avec à sa tête Nicolas Hulot, n’a pour l’instant pas répondu à nos questions sur la position de la France. Mais il semble suivre les orientations choisies par Ségolène Royal. Un nouveau vote devrait avoir lieu durant l’été.
Le glyphosate, également dans le flou
Le même jour la commission européenne devait soumettre au vote une nouvelle procédure d’autorisation pour 10 ans du principal composant de l’herbicide Roundup de Monsanto, le glyphosate. Un perturbateur endocrinien très controversé. Le vote a également été reporté faute de majorité qualifiée.
Ce 1er juin, Michèle Rivasi et trois autres eurodéputés Verts ont par ailleurs annoncé qu’ils allaient saisir la Cour de Justice européenne pour "non-divulgation par l’Agence européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) des études sur lesquelles l’agence s’est fondée pour conclure que le glyphosate n’était probablement pas cancérigène pour l’Homme". 
Marina Fabre @fabre_marina

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