Publié le 02 juillet 2018

ENVIRONNEMENT

Donald Trump crée une armée spatiale… en préparation de la prochaine ruée vers l’or

La création d’une branche spatiale au sein de l’armée américaine est une idée ancienne. Mais à l’heure où l’espace pourrait être privatisé en vue de son exploitation minière, Donald Trump a décidé d’ordonner la création de cette "Space Force". Et, une fois n’est pas coutume, le Congrès est loin de s’opposer à cette idée.

Donald Trump veut créer un corps militaire spatiale pour protéger les intérêts économiques des États-Unis dans l'espace.
@StarshipTrooper/Tristar

Ce qui n'était jusqu’alors que des bruits de couloirs, voire pour certains une vaste blague, semble être en train de devenir une réalité. Du moins au sein d’une bonne partie de l'administration de Donald Trump. Le Président américain vient d’ordonner la création d’une nouvelle branche à son armée dédiée à la défense spatiale. "J’ordonne au département de la Défense et du Pentagone de lancer le processus nécessaire pour créer une sixième branche des forces armées. Nous allons avoir une force de l’air et une force de l'espace séparées mais égales", a-t-il annoncé.

Ce discours, prononcé à la Maison Blanche à l’occasion d’une réunion sur le programme spatial, n’a pas force de loi. Cette volonté doit encore être validée par le Congrès. Or, celui-ci ne semble pas trouver l’idée si folle finalement. La menace brandie par Donald Trump de la Chine et de la Russie qui ont déployé ces dernières années des armes anti-satellites ne laissent pas les députés indifférents. Du côté de Pékin, on trouve des missiles spatiaux, tandis que du côté de Moscou, on soupçonne l’existence d’un satellite chasseur de satellites.

Intérêts économiques

Mais il serait sans doute faux de limiter ce retour de "StarWars" version Reagan de la Guerre froide uniquement au risque d’affrontement spatial. Selon des experts du secteur interrogé par le New-York Times, le Président Trump vise aussi à protéger "les intérêts économiques du pays dans l’espace". Dans un premier temps, les États-Unis veulent faire valoir des droits américains sur la Lune et sur Mars une fois que la Nasa et les entreprises privées américaines (SpaceX, Virgin Galactic…) seront parvenues à y envoyer leurs vaisseaux.

Cela risque de bafouer un traité international de 1967. Il établit un principe de non-appropriation de l’espace et l’interdiction de mettre des armes en orbite… Mais c’était sans compter sur l’épuisement des ressources terriennes. La limitation des matières premières crée des tensions géopolitiques et économiques. Par exemple, le cobalt, clé de voûte des transitions énergétique et numérique, a vu ses cours quadrupler en deux ans. Mais l’humanité sait déjà où aller forer.

De gigantesques ressources minières

C’est dans l’espace, et plus précisément dans les corps célestes situés dans la ceinture d'astéroïdes entre Mars et Jupiter. La Nasa pointe par exemple ses objectifs vers Psyche, un corps de 253 kilomètres de diamètre composé essentiellement de fer, nickel, cobalt, platine... Sa valeur est estimée à 10 000 quadrillons de dollars. Donc à lui seul, il représente 1024 fois plus que le PIB entier de la Terre. Plusieurs États s’intéressent aussi à "2011 UW-158", un corps de 300 mètres qui contiendrait 5 000 milliards de dollars de platine.

Au-delà des États, ce sont surtout des entreprises privées qui veulent devenir des champions du minage spatial. Les plus connus sont Deep Space Industries et Planetary Resources Inc. Elles sont installées… au Luxembourg. En effet, le Duché européen a adopté une loi qui permettra à des sociétés établies sur le territoire d’extraire et de s'approprier des ressources spatiales telles que des métaux, des hydrocarbures ou de l'eau. C’est le deuxième pays a adopté une telle législation avec les États-Unis et le Space act, signé par Barrack Obama.

Ludovic Dupin @LudovicDupin


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