Ils ont été censurés, menacés et même tués pour avoir fait leur travail. La répression envers les journalistes environnementaux est de plus en plus forte, principalement dans le secteur minier. C’est pourquoi le réseau de journalisme d’investigation Forbidden Stories a décidé de poursuivre le travail de ces reporteurs. Pendant huit mois, 40 journalistes de 15 médias différents dont Le Monde, The Guardian ou encore Süddeutsche Zeitung ont enquêté dans trois pays où trois compagnies minières sont accusées d’exactions.
Le sang vert du secteur minier
Depuis le 18 juin, ces journaux publient des enquêtes, reportages, articles sous le nom Green Blood (sang vert). Le premier épisode raconte comment les journalistes enquêtant sur les violences et les dégâts environnementaux de la société britannique Acacia Mining, propriétaire de la mine nord de Mara-Nord en Tanzanie se trouvent pris en étau entre le gouvernement répressif et le géant minier. Le journaliste Jabir Idrissa, qui a travaillé sur le sujet, témoigne des menaces qu’il a reçues.
Pour le deuxième épisode, direction le Guatemala. Cette fois, Forbidden Stories a enquêté sur la mort mystérieuse d’un pêcheur qui accusait Solway, une entreprise de mine de ferronickel de polluer le lac Izabal. Les autorités, qui nient avoir tué Carlos Maaz ont été confrontées à une vidéo publiée par le journaliste Carlos Choc dans laquelle on voit clairement un policier braquer une arme en direction du pêcheur. Depuis, le journaliste est poursuivi pour incitation au crime et association illicite.
Un journaliste brûlé vif pour avoir enquêté sur la mafia du sable en Ind
Enfin, le troisième épisode s’attaque à la mafia du sable rouge dans le Tamil Nadu, au sud de l’Inde. Le 15 juin le journaliste Jagendra Singh qui enquêtait sur le trafic de sable est brûlé vif. Dans une vidéo, il accuse cinq policiers d’être rentré chez lui, de l’avoir tabassé puis aspergé d’essence. L’enquête policière, elle, conclura à un suicide. Les policiers affirmant que le journaliste s’est immolé par le feu.
Au total, selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) au moins 13 journalistes ont été assassinés depuis 2009. L’ONG Global Witness, dans un rapport publié en 2018, estime à 207 le nombre de défenseurs de l’environnement tués en 2017.