Publié le 23 avril 2018
ENVIRONNEMENT
Incitation fiscale, réparabilité, consigne solidaire… Ce que contient la feuille de route sur l’économie circulaire
En visite dans l'usine Seb en Mayenne, le Premier ministre Édouard Philippe a levé le voile sur la nouvelle feuille de route sur l'économie circulaire. Si les incitations fiscales proposées rendent plus rentables le tri que la mise en décharge, plusieurs associations restent sceptiques sur les moyens donnés à l'objectif de 100 % de déchets plastiques recyclés d'ici 2025.
©Ministère
Enfin ! Édouard Philippe a dévoilé lundi 23 avril la feuille de route du gouvernement sur l’économie circulaire. Et le lieu de l’annonce n’a pas été laissé au hasard. Le Premier ministre s’est rendu dans l’usine Seb à Mayenne (Mayenne). Le leader du petit électroménager s’est toujours démarqué en créant des produits écoresponsables dès leur conception.
Il propose aussi une continuité de service sur 10 ans avec une ambition : devenir le "champion de la lutte contre l’obsolescence programmée". De bon augure pour cette feuille de route sur l’économie circulaire dont l’un des objectifs est de réduire de 50 % les déchets mis en décharge d’ici 2025.
Nous voulons orienter la consommation vers les produits les plus robustes, qu’on peut réparer le plus facilement, pour atteindre les objectifs fixés par @EmmanuelMacron :
- réduire de moitié la mise en décharge
- tendre vers le recyclage de 100% du plastique d’ici 2025.— Edouard Philippe (@EPhilippePM) 23 avril 2018
Il sera moins cher de trier que de jeter
Plusieurs leviers ont donc été actionnés. Le premier, et non des moindres, est l’incitation fiscale. Le gouvernement a annoncé une baisse à 5,5 % du taux de TVA sur les activités de prévention, de collecte séparée, de tri… payée par les collectivités. Il prévoit également une augmentation des tarifs de la taxe générale sur les activités polluantes pour la mise en décharge et l’incinération.
"Produire moins de déchets et les trier coûtera enfin moins cher que de les éliminer !", s’est réjoui le député de Maine-et-Loire, Matthieu Orphelin, un des ambassadeurs de la feuille de route. Il est également prévu la mise en place de bonus-malus incitatifs sur l’écocontribution des produits. Ces bonus-malus pourront excéder 10 % de prix de vente. Un vrai moyen de "stimuler l’écoconception et l’incorporation de matière recyclée", estime le député.
Un logo indiquant la réparabilité des produits
Dans ce sillage, le gouvernement va étendre le principe du pollueur-payeur a de nouveaux produits comme les jouets, les articles de sports, de loisir et de bricolage, les cigarettes et mettre en place un "dispositif financier pour inciter au retour des vieux téléphones portables". Aujourd’hui, 100 millions de téléphones usagés sont stockés dans les tiroirs des Français.
De même, pour faciliter la démarche des consommateurs, Édouard Philippe a annoncé qu’à partir de 2020 une vignette indiquera aux usagers si leurs équipements électriques, électroniques et meubles sont réparables ou non. Un moyen de guider les consommateurs vers des achats responsables.
Bacs jaunes pour tous et consignes solidaires
Autre objectif du gouvernement : atteindre les 100 % de plastiques recyclés d’ici 2025. Un objectif quasi impossible à atteindre, a estimé à plusieurs reprises Plastics Europe, l’association professionnelle des producteurs de plastique. Elle vise plutôt à 100 % de valorisation d’ici 2025. La France, aujourd’hui, ne recycle que 22% de déchets et en valorise 43,5%.
Pour réussir son pari, le gouvernement veut d’abord faciliter et étendre le tri. "D’ici 2022, les Français pourront mettre tous les emballages dans leur bac jaune", a indiqué Édouard Philippe. Il souhaite également tester la "consigne solidaire" pour inciter à la collecte des bouteilles plastiques et des canettes.
Si l’association Zero Waste salue des avancées en matière d’écoconception des biens et de fiscalité écologique, elle "regrette l’absence de mesure pour lutter contre le plastique à usage unique". Elle considère que, dans ces conditions, l’objectif de 100 % de recyclage ne sera pas atteint. "Le refus récent du gouvernement d’interdire les barquettes plastiques jetables dans les cantines scolaires est révélateur d’un manque de volontarisme en la matière", conclut-elle.
Marina Fabre @fabre_marina