Publié le 04 octobre 2017

ENVIRONNEMENT

[Ces startups qui changent le monde] Etnisi transforme les déchets en carrelage

Elles sont jeunes et elles veulent changer le monde. Chaque jour, de nouvelles startups voient le jour en espérant améliorer notre façon de produire ou de consommer, en traçant mieux les matières premières utilisées, en misant sur l’écoconception ou l’innovation sociale. Chaque semaine, Novethic a décidé d’aller à la rencontre de l’une d’entre elles. Aujourd’hui, nous vous présentons Etnisi, une entreprise lilloise qui donne de la couleur à vos sols en valorisant vos déchets.

EtNISI prévoit de mailler le territoire avec des micro-usines de production transportables afin de s'ancrer localement.
EtNISI

Vestige de la Braderie de Lille, des coquilles de moules s’entassent un peu partout dans les rues à chaque rentrée de septembre. Au total, 500 tonnes de moules sont consommées le temps d’un week-end, avant que leurs coquilles ne rejoignent les incinérateurs de la ville. Pour leur donner une seconde vie, Etnisi, une start-up lilloise, les transforme en dalles de carrelage.

400 matériaux déjà testés 

"Nous pérennisons la vie des ressources" résume Espérance Fenzy, son fondateur. L’ingénieur de 37 ans s’est lancé en 2015 avec deux autres personnes et a mis en place un procédé baptisé Wasterial (de l’anglais ‘waste’ qui signifie déchet et ‘material’, matière). Il permet de créer des revêtements de sols ou encore des objets à partir de tous les déchets non valorisés. "Les possibilités sont infinies", assure le créateur.

Parmi ses matières premières favorites, outre les moules, on trouve le marc de café, le sable, le verre, l’argile, le béton ou encore le mâchefer (résidu d’incinérateur). Toutes ces matières composent les carreaux aux couleurs vives d’Etnisi. Au total, 400 matériaux différents ont déjà été testés avec succès.

"Notre procédé permet de valoriser tout ce que l’on jette. Il fonctionne avec toutes les matières, explique Espérance Fenzy. Quand vous voyez une décharge, moi je vois un formidable espace de stockage" de matières premières.

Ancrage local

Après plusieurs années passées dans le BTP, Espérance réalise le potentiel de valorisation des déchets de la déconstruction notamment. "350 millions de tonnes de matière usagée est jetée chaque année en France, dont 70% de matériaux de déconstruction". Son idée ? Valoriser la matière et raconter son histoire. Par exemple avec la brique rouge, matériau de construction privilégié dans le Nord ou avec les coquilles de moules issues de la Braderie de Lille.

À gauche, une dalle faite à partir de textile recyclée. À droite, une dalle à l'aspect "paille" faite à partir d'argile et de myscanthus (plante herbacée).

"Le recyclage peine encore à attirer le grand public, commente Espérance Fenzy. Par contre, si l’on met un peu d’histoire, de passé, de local dans ce qu’on fait, ça lui parle." Etnisi travaille ainsi avec la Fédération française de tennis sur un projet de revalorisation des balles de tennis pour fabriquer des produits dérivés de Roland Garros. Elle est aussi associée à un grand groupe de construction pour valoriser le béton d’un ancien site en dalles de carrelage utilisées sur le nouveau site.

On devrait également voir les dalles Wasterial dans une grande surface de bricolage à partir de 2019, au prix du marché. "Nous arrivons à nous aligner car le gros de notre matière première est récupérée et non pas achetée. Nos produits sont par ailleurs plus résistants et plus légers que l’équivalent non recyclé et fabriqués en France" détaille le fondateur de la start-up.

80% de matière recyclée

Aujourd’hui, environ 80 % des dalles Wasterial sont fabriquées à partir de matières recyclées. L’objectif est d’arriver à 100 % dans les années à venir. Trois programmes de recherches travaillent notamment à la conception d’un liant lui aussi issu du recyclage, mais le résultat est pour l'instant loin de la commercialisation.

Dans sa logique d'ancrage locale et de circuit-court, Etnisi prévoit de mailler le territoire avec des micro-usines de production transportables afin d’être au plus près de la matière. La première ouvrira à Roubaix à la fin de l’année. Puis cinq à six unités devraient voir le jour d’ici 2020. Pour boucler la boucle, des salariés en insertion seront embauchés localement. Objectif: 5 millions d'euros de chiffre d'affaires d'ici 5 ans.   

Concepcion Alvarez @conce1


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