Publié le 07 mars 2017

ENVIRONNEMENT

Gestion de l’eau : le bilan mitigé des entreprises européennes

Le fossé se creuse entre les bons et les mauvais élèves. L’ONG CDP a publié hier une étude sur la gestion de l’eau des grandes entreprises européennes. Résultat : une dizaine d’entreprises montrent la voie, mais la majorité n’a pas procédé à une évaluation complète des risques liés à l’eau. Les investisseurs se montrent pourtant de plus en plus vigilants sur la question.  

Les grands groupes de l’énergie et de l’industrie, comme Total ou Royal Dutch Shell, grands consommateurs d’eau, ont refusé de répondre aux questions du CDP.
iStock

Les entreprises européennes se soucient de plus en plus de l’impact de leur activité sur les ressources en eau. C’est le premier constat, positif, qui ressort de l’étude publiée hier par le CDP, anciennement Carbon Disclosure Project.

L’association, qui travaille avec 634 investisseurs représentant 65 milliards d’euros, s’est intéressée à la gestion de l’eau de grandes sociétés cotées en bourse. Parmi elles, 121 entreprises européennes ont répondu au questionnaire.

 

Un fossé entre les leaders et les autres 

 

En 2015, une seule entreprise européenne, le papetier finlandais Metsa Board, composait le classement des meilleurs élèves en matière de gestion des eaux. En 2016, ils sont 12 Européens (Unilever, Fiat Chrysler ou encore L’Oréal) dans la liste des 25 groupes ayant obtenu la meilleure note.

"Les entreprises européennes sont à l’avant-garde de la gestion de l’eau. Elles sont nettement en avance par rapport aux moyennes mondiales, souligne Morgan Gillespy, responsable du programme Eau du CDP. Mais beaucoup reste à faire."

Pourquoi ? Car le fossé entre ces leaders européens et le reste des entreprises s’agrandit. Moins de la moitié des entreprises européennes (46%) "procèdent à une évaluation complète des risques" liés à l’eau. C’est légèrement mieux qu’en 2015 (+2%) mais cela reste faible.

De même, la majorité des entreprises européennes exposées aux risques hydriques (58%) ont refusé de répondre aux questions du CDP. Parmi elles, les groupes de l’énergie et de l’industrie, comme Total ou Royal Dutch Shell, grands consommateurs d’eau. 

 

Les investisseurs sont préoccupés

 

La transparence est pourtant fondamentale en la matière. "C’est une préoccupation majeure pour les investisseurs", rappelle l’ONG. "Le développement permanent du programme du CPD sur l’eau, qui s’accompagne de données chiffrées sur les risques – combinés à l’introduction d’une notation depuis 2014 – constitue une étape importante pour aider les investisseurs à obtenir des renseignements précieux dans leur processus de décision d’investissement", témoigne Norges Bank Investment Management, le fonds souverain norvégien. 

Des investisseurs comme Amundi se disent de plus en plus vigilants sur cette question. "Nous savons que le risque lié à l’eau est important, comme l’attestent les 13 milliards de pertes financières liées aux risques hydriques déclarées par les entreprises ayant rapporté leurs informations au CDP en 2016."

De manière générale, le CDP appelle les entreprises à évaluer d’avantage leur gestion de l’eau pour identifier les problèmes et les opportunités qu’elle crée. "L’évaluation est un premier pas crucial vers la gestion de l’eau", écrit l’ONG qui lance un "call to action", un appel à l’action. Trois quarts des répondants ont identifié des opportunités "opérationnelles, réglementaires, juridiques ou réputationnelles", mais seulement 42% déclarent avoir mis en place une stratégie pour les concrétiser. 

Marina Fabre
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