Publié le 19 décembre 2020
ENVIRONNEMENT
[Science] L’Europe lance pour la première fois un satellite-éboueur pour dépolluer l’espace
Mission : dépollution dans l'espace. L'Europe vient de signer un contrat à plus de 100 millions d'euros avec la startup suisse CleanSpace. Cette dernière va lancer, pour la première fois, un satellite-éboueur pour récupérer un débris issu d'une ancienne fusée européenne. L'objectif, environnemental, est aussi de sécuriser l'espace alors qu'après 60 ans d'activité spatiale, plus de 23 000 objets gravitent autour de la Terre.

CleanSpace
C’est une première depuis le début de la conquête spatiale. L’Agence spatiale européenne vient de signer un contrat avec la startup suisse CleanSpace. Il s'agit de retirer un déchet en orbite terrestre. Il s’agit de Vespa, l’étage supérieur de l’ancienne fusée européenne Vega lancée en 2013 et qui erre en orbite à 800 km de la Terre depuis bientôt 8 ans.
"L’espace est une infrastructure que nous devons garder propre. Nous avons une responsabilité environnementale, sur la Terre comme en orbite", a déclaré le directeur général de l’ESA, Jan Wörner, lors d’une conférence en ligne. Concrètement, la mission de CleanSpace sera de localiser Vespa et de le capturer grâce à un robot aux bras articulés.
La mission s’avère périlleuse. Après avoir capturé l'objet, le robot de Cleanspace devra rapprocher Vespa de l’atmosphère terrestre où il se désintégrera en brûlant. La première sortie opérationnelle est prévue en 2025, après un lancement depuis la base de lancement de Kourou en Guyane française.
Menace de collision
Cette première mission de dépollution pourrait faire des émules alors qu’en près de 60 ans d’activité spatiale et plus de 5 500 lancements, environ 23 000 objets de plus de 10 centimètres gravitent autour de la Terre, à la dérive, formant un nuage de déchets : fusées anciennes, morceaux de satellites restés en orbite après explosion, satellite entier en fin de vie. "La façon dont l’espace a été exploité jusqu’à maintenant conduit à une situation où plus de 5 000 satellites ou étages de fusées incontrôlables sont en orbites pour seulement 2 700 satellites en fonction", explique Luc Piguet, cofondateur et CEO de CleanSpace.
Gravitant à toute vitesse (28 000 km/heure, soit "Paris-Marseille en 3 minutes"), ces déchets représentent une sérieuse menace de collision qui, non seulement peut détruire les satellites opérationnels et leurs précieux services (météorologie, GPS, observation de la Terre…), mais génère de nouveaux débris, entraînant une réaction en chaîne - appelée syndrome de Kessler - "qu’on serait incapables d’arrêter", explique Luisa Innocenti, cheffe du bureau CleanSpace à l’ESA.
Reste que le coût de l’opération est lourd. Le montant total s’élève à 100 millions d’euros dont 86 millions investis par l’Agence spatiale européenne. Le modèle économique de CleanSpace n’est pas encore tenable mais l’objectif est de pouvoir, à l’avenir, lors d’une mission, détruire plusieurs débris gênants et non pas un seul comme ce sera le cas pour la mission Vespa.
Marina Fabre, @fabre_marina avec AFP