Publié le 27 janvier 2021
ENVIRONNEMENT
Les pays riches ne pourront plus déverser aussi facilement leurs déchets plastiques dans les États pauvres
Fini les tonnes de déchets plastiques contaminés déversés chaque année dans les pays en développement. Depuis le 1er janvier, les pays européens ne peuvent plus exporter leurs déchets plastiques s'ils ne sont pas propres et recyclables. Une bonne nouvelle pour la Chine ou la Malaisie qui avaient fermé leurs portes à l'importation de déchets plastiques, désireux de ne plus être la décharge du monde.

Cette photo prise le 8 mars 2019 montre des déchets plastique dans une usine abandonnée de Jenjarom, en périphérie de Kuala Lumpur.
Les règles changent. Alors que, jusqu’ici, les pays riches envoyaient facilement leurs déchets plastiques, dans les pays pauvres, une nouvelle réglementation va rendre la tâche plus ardue. Depuis le 1er janvier, les pays membres de l’Union européenne ont ainsi interdiction d’exporter des déchets plastiques vers des pays non-membres de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). Seuls les déchets dits "propres" et donc recyclables pourront être envoyés, avec l’accord du pays destinataire.
Cette nouvelle réglementation marque un véritable tournant dans la gestion des déchets du monde entier. Plusieurs pays asiatiques, principaux destinataires de ces déchets plastiques s’étaient plaints, ces dernières années, d’être la décharge des pays occidentaux. En 2018 la Chine avait même décidé de fermer ses portes à l’importation des déchets plastiques, alors qu’elle était, à l’époque, la première destination mondiale du recyclage. La Malaisie avait alors suivi le géant et décidé de retourner à l’envoyeur les déchets contaminés.
Pollution des eaux des pays-décharges
Tous les déchets plastiques non recyclés étaient illégalement brûlés, jetés dans des décharges ou des cours d’eau pour finir dans l’océan. Seulement 9 % du plastique produit est aujourd’hui recyclé. Un rapport de l’Alliance mondiale pour les solutions de remplacements des incinérateurs (GAIA) estime que l’incinération illégale de plastique non recyclable a également pollué l’air et les eaux souterraines de plusieurs pays-décharges.
Face à cette situation, la commission européenne a donc publié un règlement plus contraignant. Ce dernier découle d’un accord de plus de 180 pays dans le cadre d’un amendement à la convention de Bâle qui impose désormais un accord avant l’envoi des déchets vers un pays tiers. Or, comme le rappelle Libération, même les pays qui n'ont pas signé la convention de Bâle, comme les États-Unis, très gros contributeur de déchets plastiques, sont soumis à ce nouvel accord.
Dans les rails du Green deal européen
"Ces nouvelles règles envoient un message clair : l’UE assume la responsabilité des déchets qu’elle génère", a déclaré le commissaire européen en charge de l’environnement, des océans et de la pêche, Virginijus Sinkevicius. "Il s’agit d’une étape importante dans la lutte contre la pollution plastique, la transition vers une économie circulaire et la réalisation des objectifs du Green Deal européen", a-t-il ajouté. Cette nouvelle contrainte pourrait avoir un effet bénéfique assez rapide sur les océans.
New #EUGreenDeal action to #BeatPlasticPollution!
We take responsibility for our waste: Our new rules ban the export of plastic waste to non @OECD countries, except for clean plastic waste sent for recycling.
Exporting it to OECD countries will also be more strictly controlled. pic.twitter.com/uHyBOAlqlG— Virginijus Sinkevičius (@VSinkevicius) December 22, 2020
Selon Rolph Payet, directeur exécutif des conventions de Bâle, de Rotterdam et de Stockholm, interrogé par le quotidien britannique The Guardian : "Je suis optimiste dans le fait que dans cinq ans nous aurons des résultats. Les gens en première ligne vont nous dire s’il y a une diminution de plastique dans l’océan. Je ne vois pas cela se produire dans les deux ou trois prochaines années, mais à l’horizon de cinq ans. Cet amendement n’est que le début", a-t-il estimé.
Marina Fabre, @fabre_marina