Publié le 14 juin 2019
ENVIRONNEMENT
Un objectif de neutralité carbone en 2050, c’est possible pour l’industrie lourde européenne, sans plomber le PIB
Deux rapports, publiés par la Fondation européenne pour le climat, concluent que l'industrie lourde - acier, ciment, chimie ... - peut elle aussi viser l'objectif de neutralité carbone en 2050 alors que le secteur représente aujourd'hui 14 % des émissions globales de l'Union européenne. Cela pourrait se faire sans imputer trop fortement les finances, avec un coût limité à 0,2% du budget européen à l'horizon 2050.

@zhaojiankang
C’est l’une des industries la plus à la traîne en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les secteurs de l’acier, de la chimie et du ciment représentent aujourd’hui 14 % des émissions globales de l’Union européenne et ce chiffre pourraient augmenter de façon spectaculaire si rien n’est fait. Pourtant, l’industrie lourde peut elle aussi viser la neutralité carbone. C’est en tout cas la conclusion à laquelle sont arrivés deux rapports publiés en partenariat avec la Fondation européenne pour le climat, fin avril. Pour les experts, il faut miser sur l’économie circulaire en priorité.
D’ici 2050, 70 % de l’acier et des plastiques pourraient être produits à partir de matière recyclée, de quoi réduire considérablement le besoin en matières fossiles. La production d’électricité à partir d’énergies renouvelables, une meilleure efficience dans l’utilisation des matériaux et les technologies de capture et stockage du CO2 devraient également peser sur la balance. Au total, entre 328 et 830 millions de tonnes de CO2 par an d’ici à 2050.
0,2 % du PIB de l'UE en 2050
Selon les chercheurs, cette transition pourra se faire sans que les prix à la consommation des maisons, voitures et des biens ne flambent. Ils augmenteraient de moins de 1 % et globalement, les coûts supplémentaires ne représenteraient qu'environ 0,2 % du PIB projeté de l'UE d'ici 2050. En revanche, cela implique des transformations profondes qui nécessitent d’accroître les investissements à court terme de 25 à 60 %.
"À long terme, une production décarbonée peut se révéler être la meilleure façon de maintenir la compétitivité de l’industrie européenne", notent les auteurs des rapports. "Cette transition peut offrir des niveaux d’emploi similaires à ceux d’aujourd’hui, à condition que l’activité économique ne migre pas de l’UE. Mais cela nécessite une politique ferme et une action concertée combinant les agendas climatique et industriel. Il reste du temps pour un changement profond d’ici 2050, mais cela devra se faire à un rythme soutenu, car tout retard compliquerait énormément la transition."
Concepcion Alvarez, @conce1