Publié le 25 octobre 2021
ENVIRONNEMENT
Transition écologique et sociale : Le classement inédit des écoles et universités les plus engagées
Exit les classements traditionnels des écoles basés exclusivement sur l'excellence académique. ChangeNow vient de publier ce 22 octobre un classement alternatif prenant en compte l'intégration des enjeux écologiques et sociaux dans l'enseignement des écoles et universités. Centrale Nantes et l'ESCP Business School remportent la mise. Une manière de valoriser leurs efforts et de guider les étudiants dans leurs choix d'établissements alors qu'ils sont de plus en plus sensibles à ces sujets.

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C’est en participant à une conférence devant des jeunes engagés pour le climat que Santiago Lefebvre, CEO de ChangeNOW, a eu le déclic. "Je leur ai demandé s’ils avaient peur en l’avenir. 80 % des jeunes ont levé la main", explique-t-il. "Or si cette jeunesse a vraiment conscience des enjeux climatiques, elle n’a pas vraiment accès à des formations pour changer l’avenir". Et pour cause, selon un rapport du Shift Project publié en mars 2019, seulement 24 % des formations abordent les enjeux climat-énergie et 11 % dispensent des cours de manière obligatoire sur le sujet. Or les étudiants sont de plus en plus nombreux à réclamer ces formations. Le collectif Réveil écologique, qui compte aujourd’hui des dizaines de milliers d’étudiants, appelle depuis plus de deux ans à "réveiller" les établissements. Si les lignes bougent, c’est à reculons.
Pour accélérer cette dynamique, Santiago Lefebvre a ainsi eu une idée inédite : lancer un classement des écoles et des universités pour "changer le monde". "La règle qui drive les stratégies des écoles aujourd’hui, ce sont les classements", justifie-t-il. "Le but c’est de casser les classements traditionnels des établissements pour qu’ils se réinventent à l’aune des grands enjeux écologiques", ajoute Amélie Deloche, ancienne étudiante de Grenoble école management qui a rejoint le Réveil écologique en 2018.
Avec le cabinet Deloitte Substainability France et en collaboration avec les Echos Start, Change Now a ainsi envoyé un questionnaire de 41 critères réunis en six familles allant de l’intégration des sujets d’impact au sein du programme, de la diversité et de l’égalité des chances, à l’exemplarité de l’établissement en passant par l’excellence académique et l’employabilité. Sur les 269 établissements contactés, 48 ont répondu et ont été audités.
Un enjeu de réputation
En tête du classement des écoles d’ingénieurs on retrouve ainsi Centrale Nantes. Du côté des écoles de commerce c’est l’ESCP Business School qui tire son épingle du jeu. Autre enseignement de ce classement : les universités sont à la traîne. "En réalité, il y a une volonté des universités mais elles sont moins agiles que les écoles, plus petites, et ont moins la main sur leurs cours et leurs formations puisqu’elles dépendent du ministère", explique Amélie Deloche. "Elles ont aussi moins l’habitude que les écoles de répondre à des classements. On voit également que les établissements qui arrivent en tête sont ceux où la mobilisation étudiante a été la plus forte, comme Centrale Nantes", avance Santiago Lefebvre.
L’enjeu est ainsi de mettre la pression sur les établissements, adeptes des classements qui forgent leur réputation et attirent les nouveaux talents, pour qu’ils intègrent davantage la transition écologique et sociale à leurs programmes. "Si HEC et Polytechnique qui sont en général dans le TOP 5 des classements "traditionnels" se retrouvent en bas de notre classement alternatif, peut être que ça va réveiller leur intérêt", pointe Amélie Deloche. Le but est également de servir de guide aux étudiants sensibles à ces sujets. Ils pourront ainsi mieux choisir leurs établissements. "C’est un nouveau critère pour les étudiants et cela permet de valoriser les écoles et universités qui font des efforts là-dessus", résume Amélie Deloche.
Marina Fabre, @fabre_marina