Publié le 01 septembre 2020
ENVIRONNEMENT
[Tempête Covid] Avec la crise sanitaire, la lutte contre le changement climatique risque de passer au second plan
La crise du Covid a entraîné le report de tous les grands événements climat et biodiversité prévus en 2020, pourtant censée être une année déterminante. De quoi inquiéter les observateurs, qui craignent que ces sujets majeurs ne passent au second plan. Tous les yeux sont désormais rivés vers les plans de relance et la somme qu'ils consacreront à l'environnement. Toute la semaine, Novethic se penche sur les effets néfastes à long terme du Covid-19.

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La pandémie de Covid-19, qui frappe le monde entier depuis le début de l’année, aura eu raison de la plupart des événements liés à la lutte contre le changement climatique et la protection de la biodiversité. Le Congrès mondial de la nature à Marseille, la COP15 Biodiversité en Chine et la COP26 sur le climat en Ecosse, ont été reportés à 2021. Seul a été maintenu le sommet de haut niveau sur la biodiversité des Nations unies, qui sera organisé le 30 septembre prochain à New York. L’événement devra lancer l’ambition pour parvenir à un cadre mondial pour la biodiversité post-2020.
L’autre effet de la crise sur le climat concerne la baisse record des émissions de gaz à effet de serre. Elle a atteint 8,5 % depuis le début de l'année par rapport à 2019 et sur l'ensemble de l'année 2020. Mais de nombreux experts ont appelé à ne pas se réjouir trop vite, craignant un effet rebond post-Covid-19. Après la crise financière de 2008-2009, la baisse des émissions (440 millions de tonnes de CO2) avait en effet été suivie un an plus tard d’une augmentation de 1 612 millions de tonnes due à la relance.
Des plans de relance "verts"
Qui plus est, malgré une baisse très importante des émissions, les rejets de gaz à effet de serre dans l’atmosphère restent à des niveaux extrêmement alarmants. "Toute réduction des émissions en 2020 aura donc peu d'impact à elle seule, à moins qu'elle ne soit suivie de changements plus durables", confirme Carbon Brief. "Pour que le CO2 cesse de s'accumuler dans l'atmosphère, les émissions d'origine humaine devraient baisser d'environ 50 % à court terme (les puits naturels compensant déjà environ 50% des émissions)" prévient le think tank.
Tous les regards sont donc tournés vers les plans de relance. En France, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a promis qu’un tiers des 100 milliards prévus, soit 30 milliards d'euros, devraient être consacrés à la transition écologique et à la décarbonation de l'économie. "Nous veillerons à ce que toutes les décisions de relance favorisent un nouveau modèle de croissance fondé sur la décarbonation, la sobriété énergétique et les innovations vertes. Le plan de relance (qui sera présenté le 25 août, NDR) sera un plan vert", explique-t-il. Trois secteurs seront "prioritaires : la rénovation énergétique, les transports et l'énergie".
204 milliards de dollars consacrés aux fossiles
Au niveau européen, 30 % des dépenses du plan de relance et du budget seront également directement attribuées à la lutte contre le réchauffement climatique, soit un total de 550 milliards d’euros. Elles devront respecter l’objectif de neutralité carbone de l’Union européenne d’ici 2050 et celui de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, qui doit être revu à la hausse d’ici la fin de l’année. Pour ce qui est des 70 % restants, le principe du "Do no harm" s’applique, c’est-à-dire qu’il ne peut y avoir de dépenses néfastes ou incompatibles avec l’Accord de Paris.
La tâche s'annonce ardue. Au niveau mondial, selon les derniers calculs réalisés par Energy Policy Tracker, un consortium de 14 think tanks, au moins 204 milliards de dollars ont été consacrés aux énergies fossiles dans les plans de relance des pays membres du G20, contre 139 milliards pour les énergies renouvelables. Il paraît donc bien illusoire de prôner une transition sobre en carbone, tout en dépensant encore des sommes astronomiques pour une énergie très carbonée.
Concepcion Alvarez @conce1