Publié le 07 décembre 2021
ENVIRONNEMENT
Les investissements favorables au climat ont résisté malgré la crise
Les investissements en faveur du climat ont progressé de 10 % en 2020, malgré la crise sanitaire. C'est ce que relève le panorama dressé par le think tank I4CE. Les véhicules électriques et hybrides rechargeables en ont principalement profité. Mais les experts alertent sur de possibles tensions à venir en raison de la pénurie de certains matériaux dans les filières des énergies renouvelables et de la rénovation des bâtiments.

@Ivan Jesus Cruz Civieta
Les investissements en faveur du climat ont non seulement résisté malgré la crise sanitaire, mais ils ont même progressé en France en 2020. Selon la dernière édition du Panorama des financements climat publié jeudi 2 décembre par le think tank I4CE, ménages, entreprises et administrations ont investi près de 45 milliards d'euros en faveur du climat, en hausse de 10 % sur une année. Dans le même temps, les investissements globaux du pays ont chuté de près de 8 %.
La hausse s'est surtout concentrée sur les voitures électriques et hybrides rechargeables, à la faveur de la réglementation européenne. Les aménagements cyclables en ont également profité dans une moindre mesure. En revanche, les investissements dans la rénovation énergétique des logements, le réseau ferroviaire, les transports en commun et les énergies renouvelables sont restés stables ou ont baissé légèrement.
Investissements climat en France par secteur (I4CE)
Il manque entre 13 et 15 milliards d'euros par an
Mais même en ayant bien résisté à la crise sanitaire, les investissements climat demeurent insuffisants par rapport aux objectifs de la Stratégie nationale bas-carbone (SNDC), la feuille de route climat de la France. I4CE estime qu’il faudrait 13 à 15 milliards d’euros d’investissements publics et privés supplémentaires, chaque année jusqu’en 2023, et environ le double jusqu’en 2028 pour les atteindre. Et encore, il s’agit là d’un seuil minimum, car de nombreux secteurs, comme l’agriculture, l’industrie ou le nucléaire ne sont pas couverts, et que le nouvel objectif européen - pas encore appliqué - implique de réduire les émissions de 55 % contre 40 % actuellement.
Par ailleurs, les experts alertent sur de nouvelles tensions qui pourraient perturber les investissements climat, tels que la hausse des prix et les délais de livraison allongés pour les semi-conducteurs, nécessaires aux voitures électriques et aux panneaux solaires, ou pour le bois et les isolants utilisés dans la rénovation des bâtiments. La reprise économique pourrait également entraîner un rebond des investissements dans les énergies fossiles, alors que ceux-ci ont chuté de 32 % en 2020.
Enfin, le think tank alerte sur le fait que les principaux financements climat du plan de relance prendront fin en 2022. Il appelle les pouvoirs publics à élaborer dès maintenant "une stratégie climat des finances publiques" et interpelle les principaux candidats à l’élection présidentielle. Mais pour l'instant, le sujet de la transition écologique peine à émerger dans le débat.
Concepcion Alvarez @conce1