Publié le 06 juillet 2017
ENVIRONNEMENT
Le G20 n’a plus que trois ans pour sauver la planète
Les dirigeants du G20 se réunissent les 7 et 8 juillet à Hambourg en Allemagne. À cette occasion, plusieurs experts alertent sur l’importance d’inverser la courbe d’émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020, après quoi il sera quasi-impossible de respecter une limitation du réchauffement climatique en dessous de 2°C d'ici la fin du siècle.

Guilherme Silva
Alors que le G20 s’ouvre vendredi 7 juillet à Hambourg en Allemagne, des spécialistes du climat – dont Christiana Figueres, l’une des figures de l’Accord de Paris – rappellent l'urgence climatique aux dirigeants du monde. Selon eux, dans un article (1) publié dans la revue Nature, il faut agir avant 2020 pour inverser la tendance du réchauffement et maintenir la hausse des températures sous 2 degrés.
"Il y a plus de dix ans que nous martelons que 2020 est un point de non-retour pour le climat, déplore le climatologue Stefan Rahmstorf, du Potsdam Institute, cosignataire de l’appel. Si la courbe des émissions de gaz à effet de serre n’est pas inversée d’ici à trois ans, il sera pratiquement impossible de tenir les objectifs de l’Accord de Paris."
Attendre encore dix ans pour agir de façon drastique sur les émissions de gaz à effet de serre ne nous laisserait que très peu de marge de manoeuvre pour adapter les modes de vie de la planète et atteindre l'objectif de 2° d'ici la fin du siècle.
Si les émissions de gaz à effet de serre baissent franchement d’ici 2020, la planète disposera de vingt à trente ans pour s'adapter. Si on attend 2025, il ne restera plus que dix ans maximum pour tenir les objectifs de l'Accord de Paris et transformer l'économie vers un modèle bas carbone. Une mission quasi impossible.
Une feuille de route en six étapes
Pour tenir cette échéance imminente de 2020, les experts proposent aux dirigeants du G20 et aux entreprises un plan d'action en six points :
Énergie : Les énergies renouvelables devront fournir au moins 30 % de l’électricité mondiale. Et aucune nouvelle centrale à charbon ne devra être approuvée à partir de 2020. Quant à celles existantes, elles devront être fermées.
Infrastructures : Les villes et les États doivent mettre en place des plans pour décarboner les bâtiments et les infrastructures d’ici 2050, en prévoyant des financements à hauteur de 300 milliards de dollars par an. Chaque année, les villes moderniseraient au moins 3 % de leurs bâtiments pour les convertir en infrastructures bas carbone.
Transports : Les véhicules électriques devront composer 15 % des nouvelles ventes (contre 1 % aujourd’hui). Les gouvernements devront également imposer aux poids lourds une consommation en carburant réduite de 20 %, et à l’aviation une réduction de 20 % du CO2 consommé au km.
Agriculture : Les émissions de gaz à effet (GES) de serre issus de la déforestation et de l’agriculture (qui représentent à l’heure actuelle 12 % du total) devront disparaître.
Industrie : Les industries fortement émettrices (20% des émissions mondiales de CO2) doivent réduire leurs émissions de moitié avant 2050.
Finance : Banques et gouvernements devront décupler le volume d’obligations vertes (71 milliards d’euros actuellement) pour financer les mesures visant à réduire les GES.
Où en sont les pays du G20 ?
Pour l’instant, si les pays du G20 ont démarré leur décarbonation, cela ne va pas assez vite pour limiter le réchauffement climatique. Selon le dernier état des lieux (2) dressé par Climate Transparency, le charbon et les énergies fossiles continuent de dominer leur mix énergétique et les subventions à ces énergies ont encore atteint 230 milliards de dollars malgré la promesse des États membres de les supprimer progressivement.
Dans ce rapport, la France, qui fait partie des bons élèves avec l’Union européenne en matière d'émissions, est tout de même pointée du doigt pour sa consommation d’énergie par personne, très largement au-dessus de la moyenne des pays du G20.
"Le changement climatique est réel et ses effets sont déjà visibles. Après la décision du Président Trump de sortir de l'Accord de Paris, il appartient au reste des pays du G20 de respecter et de mettre en œuvre cet accord. Certains parmi les pays les plus pauvres au monde se sont déjà engagés à atteindre 100% d'énergies renouvelables d'ici 2050 [comme l’Ethiopie ou le Bangladesh, NDRL]. Le G20 devrait suivre leur exemple", appelle Nicolas Vercken, directeur des Campagnes et du Plaidoyer à Oxfam France.
Concepcion Alvarez @conce1