Publié le 30 juin 2016
ENVIRONNEMENT
"Le Brexit ne changera rien à l'engagement du Royaume-Uni sur le climat"
Quelques jours seulement après le vote des Britanniques en faveur de la sortie de l'Union européenne, le Brexit a fait irruption dans le Business and Climate Summit, qui se tenait à Londres ces deux derniers jours. Alors que plusieurs experts s'inquiètent de ses effets sur la politique climatique et environnementale du Royaume-Uni, le message délivré à la fois par la Secrétaire d'État à l'Énergie et au changement climatique britannique, Amber Rudd, et la Secrétaire exécutive de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements climatiques, Christiana Figueres, est clair : le Brexit n'aura pas d'impact sur les engagements pris.

Anne-Catherine Husson-Traore / Novethic
Difficile. Voire impossible de ne pas en parler, quelques jours seulement après le référendum. Le Brexit s'est donc invité à la seconde édition du Business and Climate Summit qui se tenait à Londres. S'il était dans toutes les discussions et prises de parole, c'est Christiana Figueres, la secrétaire exécutive de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements climatiques, qui tenait son dernier discours dans son rôle, qui a crevé l'abcès mardi par un symbolique "stay calm and transform on!".
"Le Brexit n'est pas un vote contre le changement climatique. Malgré les incertitudes politiques de court terme, l'action contre le changement climatique ne peut pas être arrêtée", a-t-elle ajouté, précisant que "le Royaume-Uni et l'Union européenne ont un important leadership sur le sujet. Il n'y a pas de raison de changer cela". Même si le Brexit demandera "peut-être" néanmoins quelques ajustements au niveau de la contribution (NDC) de l'Union européenne, a-t-elle reconnu.
Le Royaume-Uni restera leader sur le climat, veut croire la secrétaire d'État britannique à l'Énergie
C'est aussi le message qu'est venue délivrer le lendemain la Secrétaire d'État britannique à l'Énergie et au changement climatique Amber Rudd aux investisseurs et entreprises engagés sur le climat. Le Brexit "n'a pas diminué la menace du changement climatique. Celui-ci reste l'un des risques de long terme les plus sérieux qui pèsent sur notre économie et la sécurité nationale", a-t-elle souligné.
Même si le Brexit rendra les choses "plus difficiles", le Royaume-Uni "continuera donc d'exercer un fort leadership sur le sujet", a-t-elle affirmé à la tribune. "Les relations fortes que nous entretenons avec les États-Unis, la Chine, l'Inde, le Japon et les pays européens nous permettront de mettre en œuvre les engagements pris à Paris (lors de la COP21, NDLR)", a ajouté Amber Rudd.
Comme prévu, le cinquième budget carbone qui doit fixer les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre britanniques – soit une baisse de 57% d'ici 2032 par rapport au niveau de 1990 – sera approuvé ce jeudi, a-t-elle encore assuré. Et ses engagements en matière énergétique ne changeront pas. "Offrir une énergie propre et abordable est une priorité", a-t-elle affirmé. Le soutien annuel aux énergies renouvelables (10 milliards de livres) et l'arrêt des centrales à charbon restent d'actualité. Tout comme le projet de la centrale nucléaire d'Hinkley Point et la construction d'autres centrales plus petites, a-t-elle précisé.
Éviter de reproduire l'erreur du Brexit
La secrétaire d'État, qui avait fait campagne sur le Bremain (le maintien dans l'Union), veut pourtant retenir les leçons du Brexit pour la lutte contre le changement climatique. "Nous avions montré très clairement les risques économiques d'une sortie, mais la décision finale de quitter l'UE a finalement été prise, en large partie, sur l'argument émotionnel", analyse-t-elle. Pour assurer un basculement de l'économie vers une économie bas carbone, "il est essentiel d'avoir les bonnes structures financières et des investissements verts... Mais il est tout aussi essentiel de ne pas négliger l'argument émotionnel. Celui-ci concerne la protection de la planète et l'état dans lequel nous la lèguerons aux générations futures". Un discours de réassurance bienvenu selon le directeur de Greenpeace UK, John Sauven, interrogé par le quotidien The Independant. "Mais des mots apaisants ne peuvent pas tout, tempère-t-il. "La confiance des investisseurs verts dans le Royaume-Uni a été ébranlée dès avant le Brexit par les positions changeantes et incohérentes de ce gouvernement", estime-t-il, dénonçant notamment un très fort soutient au nucléaire au détriment des énergies renouvelables.
Reste aussi à savoir ce que fera le prochain gouvernement. Car le conservateur Boris Jonhson, pressenti comme successeur de David Cameron au poste de Premier ministre, s'est jusque-là plutôt illustré par ses prises de position climato-sceptiques, comme en témoigne l'un de ses éditoriaux, publié il y a quelques années dans The Telegraph.