Publié le 05 août 2023
ENVIRONNEMENT
Feux de forêt : les émissions liées aux incendies battent des records au Canada
Un triste record. Les feux qui ravagent les forêts canadiennes depuis le début du mois de mai ont généré un record d’émissions de carbone. Une situation qui pourrait encore s'aggraver puisque la saison des feux n’est pas encore terminée.

MEGAN ALBU/AFP
Des chiffres qui donnent le vertige. Au Canada, les émissions de carbone causées par les incendies de forêt ont atteint un niveau sans précédent. Selon les données de l’observatoire européen Copernicus, près de 290 mégatonnes de carbone ont été rejetées dans l’atmosphère à la fin du mois de juillet, battant le record précédemment établi neuf ans plus tôt, en 2014 avec 138 mégatonnes.
Afin de se rendre compte de l'ampleur de ces émissions, Libération les a converti en dioxyde de carbone, l'un des plus importants gaz à effet de serre : les incendies ont généré plus de 1 000 millions de tonnes de CO2, soit 3,5 fois les émissions annuelles de CO2 de la France.
Pour Mark Parrington, scientifique du service de surveillance de l’atmosphère de Copernicus, les émissions ont atteint "un niveau qui est déjà considérablement plus haut que les précédentes émissions répertoriées dans notre base de données pour une année entière dans ce pays".
Un chiffre qui pourrait encore augmenter
Le chiffre pour 2023 ne reflète pour l'instant que les émissions depuis le début de l'année et même pour l'essentiel depuis début mai, quand les feux ont commencé à ravager le pays. Or, ce chiffre pourrait encore augmenter puisqu'au 30 juillet dernier, le pays était ravagé par plus de 900 incendies, dont 613 jugés hors de contrôle.
Ce que confirme d’ailleurs Mark Parrington : "les émissions liées aux feux dans les zones boréales atteignent habituellement leur pic fin juillet ou début août, et le total devrait donc continuer à augmenter pendant quelques semaines encore". D’ailleurs, ces incendies, qui ont déjà détruit 7,7 millions d’hectares selon le Centre interservices des feux de forêt du Canada (CIFFC), sont favorisés par des conditions chaudes et sèches qui devraient persister jusqu’à la fin de l’été, selon les prévisions.
Vers un emballement du changement climatique ?
La situation canadienne actuelle illustre surtout les craintes des climatologues d’une intensification des feux de forêt en raison de la hausse des températures due au changement climatique. En effet, la multiplication des incendies transforme ces puits de carbone naturels, qui captent et stockent le dioxyde de carbone, en sources de gaz à effet de serre qui participent alors au réchauffement de l’atmosphère. Alimentant ainsi un cercle vicieux.
À noter que ces incendies détruisent désormais deux fois plus de couverture forestière dans le monde qu’au début du siècle et 70% des surfaces dévorées par les flammes en 20 ans concernent les forêts boréales, qui recouvrent une grande partie de la Russie, du Canada et de l’Alaska. Or, ces zones boréales, qui constituent les plus grands puits de carbone de la planète, se réchauffent deux à trois fois plus vite que l’ensemble de la planète.
Blandine Garot avec AFP