Publié le 13 septembre 2017
ENVIRONNEMENT
JO 2024 : Paris veut battre des records… environnementaux
C’est aujourd'hui que les Jeux olympiques de 2024 doivent officiellement être décernés à Paris. La capitale française a mis les bouchées doubles pour remporter la course. Elle a notamment misé sur l’excellence environnementale. Les JO de Paris 2024 seraient ainsi le premier événement mondial à être aligné sur l’Accord de Paris avec une réduction des émissions de 55 % par rapport aux JO de Londres et de Rio.

Paris2024
1,9 million de repas servis aux athlètes, 76 tonnes de papier pour les journalistes, 80 000 costumes pour les cérémonies, 1,3 million de kilogrammes de souvenirs achetés… Voici quelques-uns des éléments très précis pris en compte par le comité de candidature de la Ville de Paris pour calculer l’empreinte carbone des JO 2024. Pour l’occasion, la capitale française veut se draper de vert et a mis en avant dans son dossier de candidature une vraie stratégie environnementale (1).
L'objectif, très ambitieux, est de faire de ces jeux le premier événement mondial à s’aligner avec l’Accord de Paris. Ils visent à réduire leur empreinte carbone de 55 % par rapport aux précédents JO de Londres en 2012 et Rio en 2016. Les émissions résiduelles seront par ailleurs compensées grâce à une enveloppe déjà budgétée de 31 millions d’euros.
"Nous avons conçu des jeux sobres et compacts, résume Jérôme Lachaze, responsable développement durable au comité de candidature Paris 2024. 95 % des infrastructures existent déjà ou seront des structures temporaires. Et un maximum de sites (80 %) se trouveront dans un périmètre de 10 kilomètres autour du village afin de limiter les déplacements." À Londres, près de la moitié des émissions étaient dues à la construction des sites. A Rio, ce sont les déplacements des spectateurs, venus du monde entier, qui avaient pesé le plus lourd.
Les voitures interdites
L’une des mesures phares est le bannissement des voitures. "Aucun parking pour les spectateurs n’est prévu sur les sites", assure Jérôme Lachaze. 70 % des spectateurs seront à moins de 30 minutes à vélo des sites olympiques, a calculé le comité de candidature. Et 85 % des athlètes seront logés à moins de 30 minutes des lieux de compétition. Les organisateurs assurent, qu’une fois à Paris, les transports utilisés seront 100% propres (véhicules hybrides ou hydrogène pour les officiels, bus propre, métro, train, vélo, ou marche).
"70 % des spectateurs viendront de France, c’est pourquoi nous allons mettre en place des mesures incitant à prendre le train plutôt que l’avion", explique celui qui est devenu le 'Monsieur développement durable' de la candidature de Paris. Des partenariats sont en cours avec la SNCF et la RATP pour inclure le prix du billet de train et des transports en commun dans le ticket d’entrée. Le comité table par ailleurs sur seulement 7 % des spectateurs qui prendront l’avion pour venir assister aux jeux. Les organisateurs misent sur l'utilisation du réseau ferré européen.
Alimentation 100 % bio, locale ou certifiée
Autre point fort de ces JO verdis : l’alimentation, avec un objectif affiché de parvenir à 100% de bio, local ou certifié. Pour cela, Paris va notamment s’allier au réseau des Amap (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) franciliennes. Mais cela suppose d’augmenter nettement les surfaces en bio dans la région et de structurer toute la filière.
"Nous avons six ans pour sensibiliser les différents acteurs et que les producteurs se mettent en ordre de marche. C’est notre plus grand challenge, mais ce serait aussi le plus bel héritage que nous pourrions laisser. Il est très important de nous inscrire dans une logique de long terme et de voir comment nous pouvons utiliser ces Jeux pour changer en profondeur", explique Jérôme Lachaze.
1 500 personnes ont participé à la stratégie verte
Transports propres, alimentation durable, mais aussi énergie verte, recyclage des déchets de chantiers, arrosage des pelouses avec de l’eau non potable issue de récupération, toilettes sèches sur les sites temporaires, jardins partagés, toitures et murs végétalisés, recyclage des balles de tennis en revêtement sportif. 2 % du budget est consacré à la partie environnementale.
Pour élaborer cette stratégie, le comité de candidature a mené un important travail de concertation en amont et a fait participer quelque 1 500 personnes issues de la société civile (étudiants, athlètes…). Il a notamment travaillé avec le WWF et repris l’essentiel de ses recommandations. "Le bilan carbone doit ainsi servir d’outil d’aide à la décision, explique Audrey Solans, chargée de programme Villes & infrastructures durables au WWF. La gouvernance de l’organisation des Jeux constitue un enjeu clé pour la suite. Nous serons vigilants à la façon dont le comité saura entraîner un maximum d’acteurs autour de l’ambition environnementale des Jeux : collectivités, partenaires et sponsors, prestataires et société civile".
"C’était une première de penser tout cela dans la phase de candidature du projet. Je pense que c’est ce qui a séduit le CIO (Comité international olympique), croit savoir Jérôme Lachaze. "Il était important et bénéfique d’avoir ces partenaires en interne, cela permet de faire bouger les lignes. Et nous avons ainsi gagné deux ans…" Ce qui ne sera pas de trop vu l’ampleur des chantiers à mener. Un premier point d’étape est prévu pour 2019-2020.
Concepcion Alvarez @conce1