Publié le 10 septembre 2019
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[Infographie] Adaptation au changement climatique : investir 1 800 milliards de dollars et en gagner 7 000
La Commission mondiale sur l'adaptation, créée en octobre 2018 par le philanthrope Bill Gates, publie son premier rapport sur l’urgence de l’adaptation au changement climatique. Elle estime qu'investir 1 800 milliards de dollars dans cinq actions prioritaires permettrait d’engendrer plus de 7 000 milliards de bénéfices nets, tout en sauvant des milliers de vies.

@CC0
"Les actions d’adaptation, bien faites, font partie des investissements les plus rentables pour un pays, une ville ou entreprise." Voici la conclusion du premier rapport (1) de la Commission mondiale publiée ce mardi 10 septembre. L’équation est simple. Selon ses auteurs, investir 1 800 milliards de dollars dans des actions d’adaptation au changement climatique entre 2020 et 2030 permettrait de rapporter 7 100 milliards de dollars de bénéfices nets, soit quatre fois plus.
"Je ne connais pas de ratio coût-bénéfices aussi intéressant", a réagi Christiana Figueres, ancienne secrétaire exécutive de la CCNUCC et cheville ouvrière de l’Accord de Paris. "L’adaptation est le parent pauvre de la lutte contre le changement climatique, passant toujours après la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Adaptation et atténuation sont pourtant les deux faces d’une même pièce pour sauver l’humanité. Retarder notre action nous ferait payer le prix fort".
Le rapport rappelle en effet que si rien n'est fait, la croissance des rendements agricoles mondiaux pourrait chuter de 30 % d’ici à 2050, affectant particulièrement 500 millions de petits exploitants. Cinq milliards de personnes pourraient manquer d’eau au moins un mois par an. Des centaines de millions de personnes devront quitter leur foyer à cause de la montée des eaux, représentant un coût de plus de 1 000 milliards de dollars chaque année d'ici à 2050. Et d'ici 2030, le changement climatique pourrait faire basculer plus de 100 millions de personnes sous le seuil de pauvreté dans les pays en développement.
Cinq actions prioritaires ont été identifiées, allant de la préservation des mangroves à la mise en place de systèmes d’alerte précoce, d’infrastructures résilientes ou encore de pratiques agricoles efficientes en milieu aride. Par exemple, signaler 24 heures à l’avance l’arrivée d’une tempête ou d’une vague de chaleur coûterait 800 millions de dollars mais permettrait d’éviter des pertes chiffrées entre 3 et 16 milliards de dollars par an et de réduire de 30 % les dommages subis.
Les technologies d’irrigation au goutte-à-goutte permettent d’accroître la productivité des cultures tout en préservant les ressources en eau. Les mangroves protègent 18 millions de personnes et économisent plus de 80 milliards de dollars par an, en évitant des pertes liées aux inondations. Elles contribuent aussi presque à la pêche, à la foresterie et aux loisirs pour 40 à 50 milliards de dollars par année. Des avantages qui sont jusqu’à dix fois supérieurs aux coûts de l'adaptation.
Quinze mois pour agir
"La Commission va consacrer les quinze prochains mois au lancement de pistes d’action pour opérer les transitions nécessaires, en mobilisant à la fois les politiques, les scientifiques, les entreprises et les investisseurs" prévient-elle dans le rapport. Le lancement officiel de "L'année pour l'action" est prévu le 24 septembre, au lendemain du sommet Action climat pour la relève de l'ambition climatique organisé à l'ONU.
Ban Ki-Moon, coprésident de la Commission mondiale sur l’adaptation et 8ème Secrétaire général des Nations Unies, appelle ainsi les différents États à relever aussi leur ambition sur l’adaptation dans leurs contributions nationales climatiques. "Nous avons besoin d'une révolution scientifique, politique et financière, a-t-il asséné lors d'une conférence de presse. Cela fait sens économiquement mais va aussi permettre de sauver des vies, de préserver nos habitats et d'assurer un futur souhaitable pour les générations à venir."
En 2006, un autre rapport avait jeté un pavé dans la mare en évaluant le coût de l’inaction contre le changement climatique, celui de Nicholas Stern, l’ancien chef économiste et vice-président de la Banque mondiale. Il évaluait alors le coût de l’inaction entre 5 % et 20 % du PIB mondial contre 1 % pour celui de l’action ! Plus récemment, une étude publiée dans la revue Nature estimait que limiter le réchauffement à 1,5°C d’ici la fin du siècle générerait 20 000 milliards de dollars de gains économiques cumulés jusqu’en 2100.
Concepcion Alvarez, @conce1
(1) Voir le rapport de la Commission mondiale sur l'adaptation au changement climatique.