Publié le 12 septembre 2019
ENVIRONNEMENT
[Génération climat] La désobéissance civile : des actions radicales qui attirent une jeunesse dans l'urgence
Les actions de désobéissance civile connaissent un nouveau souffle en France, en partie portées par un attrait de la jeunesse pour des méthodes plus radicales. Les pétitions et les marches ne suffisent plus à répondre au sentiment d'urgence de cette génération, la première à connaître les conséquences du réchauffement climatique. Voici le premier numéro de notre série dédiée à la mobilisation de la jeunesse sur le climat.

Raphael Kessler / Hans Lucas
Ce sont des actions non violentes mais radicales qui fourmillent un peu partout en France. Blocage de ponts à Paris, décrochage des portraits d’Emmanuel Macron, sit-in devant Monsanto-Bayer… Les actes de désobéissance civile mobilisent et plaisent particulièrement aux jeunes écologistes. "Ces actions attirent la jeunesse parce qu’il y a un sentiment d’urgence beaucoup plus fort. Ces jeunes sont la première génération à vivre les conséquences du réchauffement climatique et ils se tournent donc vers des actes plus radicaux", constate Romain Thurel, un des initiateurs et désormais ancien militant de Youth for Climate.
Le déclic, pour les plus jeunes, a bien sûr eu lieu lorsque la suédoise Greta Thunberg, alors âgée de 15 ans, a lancé un appel à la grève scolaire. Elle-même avait, depuis trois semaines, manifesté seule devant le Parlement pour que son pays respecte les engagements pris lors de l’Accord de Paris. Si la mobilisation a d’abord pris aux Pays-Bas, en Allemagne, en Australie, elle est arrivée, un peu plus tard, en France.
Aller plus loin que la pétition en ligne
"On nous met la pression pour étudier, pour choisir une voie et pour trouver du travail alors qu’on ne sait pas dans quel monde on va vivre et que notre avenir est bancal. L’urgence aujourd’hui est de nous battre pour défendre cet avenir, et ce dès maintenant. Il faut qu’on soit les plus nombreux possible pour pousser les politiques à agir", témoignait Virgile Mouquet un lycéen bordelais de 17 ans qui avait décidé, en février dernier, de sécher les cours tous les vendredis.
Les pétitions traditionnelles et les marches pour le climat ne suffisent plus, les jeunes veulent passer un cran supérieur. "Signer une pétition ou participer à une action de désobéissance civile ce n’est pas la même chose, on prend des risques juridiques, on sait que potentiellement ça peut aboutir sur un procès", explique Claire Lejeune membre des Jeunes écologistes et d’Extinction Rebellion. "C’est un marqueur de l’urgence que ressentent les jeunes".
Des camps pour former à la désobéissance civile
Et les militants plus âgés peuvent former les plus jeunes. Car la désobéissance civile n’est pas une méthode nouvelle. C’est un élément historique des mouvements écologistes. D’où la nécessité d’un camp climat pour que les ONG comme les Amis de la Terre, Alternatiba ou encore ANV-COP21 puissent transmettre leur expérience. Cet été, pendant une dizaine de jours, plus de 1 000 personnes ont participé à ce camp installé à Kingersheim en Alsace. Pour cette troisième édition, 300 demandeurs étaient sur liste d’attente. Du jamais vu. Plus de la moitié de participants avait entre 18 et 30 ans.
"On a appris à réagir face à une intervention de la police, à prendre la parole en public, à s’organiser collectivement", raconte Élise, jeune étudiante. Les deux derniers jours de la formation étaient dédiés à la simulation d’une action d’envergure : le blocage d’un sommet entre États et entreprises. "Ces camps rendent beaucoup plus accessibles les actions de désobéissance civile à un large public. Avant on s’entraînait entre militants aguerris mais ces formations ont permis de changer d’échelle", explique Romain Thurel.
Marina Fabre, @fabre_marina