Publié le 27 novembre 2019
ENVIRONNEMENT
[Génération climat] Découvrez trois jeunes partis faire le tour du monde des solutions écologiques
Semences paysannes, énergie renouvelable citoyenne, habitats alternatifs et accessibles… Novethic est allé à la rencontre de ces jeunes partis faire le tour du monde à la recherche de solutions concrètes pour la transition écologique. C’est le dixième épisode de notre série consacrée à la mobilisation des jeunes pour le climat.

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Ils avaient des envies d’ailleurs, mais pas n’importe comment, pas sans en rapporter des solutions concrètes. Auriane, Olivier et Clément sont partis faire le tour du monde de façon engagée. Chacun dans leur spécialité, ils ont rencontré des personnes extraordinaires, capables de transformer notre monde et lutter contre les atteintes à la nature et au climat. Novethic vous les fait découvrir.
Seed Tour : à la rencontre des gardiens de graines avec Auriane Bertrand
Cette jeune femme de 28 ans, originaire de Metz et diplômée d’une école de commerce, a initié un "voyage documentaire" d’un an, en 2018, dans quatre pays : Mexique, Sénégal, France et Inde. Elle est partie à la rencontre de producteurs, chercheurs, associations et entrepreneurs qui travaillent à préserver les semences paysannes à l’heure où l'industrialisation de l’agriculture a fortement réduit nos variétés de fruits et légumes. Dans ses valises, elle a rapporté une soixantaine d’histoires, résumées dans des portraits vidéo d’environ trois minutes.
Son message : "Il faut se réapproprier la façon dont on se nourrit. Cela passe par plus d’autonomie et une réappropriation des semences pour les paysans d’une part, et d’autre part par le choix conscient des consommateurs dans ce qu’ils achètent. Soutenir les semences paysannes permet d’améliorer les qualités nutritionnelles de nos aliments. Cela permet aussi de multiplier les variétés de fruits et légumes et d’assurer une autonomie paysanne."
Sa plus belle rencontre : "La rencontre avec Jeannine a été très forte ! Jeannine est mamie, à Aubignan, dans le Vaucluse. Elle fait son potager et reproduit toutes ses graines. Elle me montre à quel point ce savoir, qui lui paraît si banal, est précieux car il n'est pas toujours arrivé jusqu'à ma génération. Des gestes précis et sûrs d'eux qui séparent les graines de la pulpe, qu'elle compare 'à ceux des chercheurs d'or'".
Et après ? Ses vidéos-portraits sont accessibles sur son site Internet et sur Facebook. Des projections-débats sont également organisés dans toute la France pour sensibiliser le public. Une exposition-photo "Graines, un bien commun" est disponible et un projet de documentaire est en cours. Pour continuer son action, Auriane a créé l’association "Qu’est-ce qu’on sème ?". Elle va également débuter une formation agricole pour devenir artisane semencière.
Les Vagabonds de l’énergie : un tour du monde sociologique de l’énergie avec Clément Bresciani
Avec son acolyte François, Clément, 31 ans, a parcouru 70 000 kilomètres à travers 35 pays pendant un an et demi, de 2016 à 2018. Leur objectif était de comprendre l’implication des citoyens dans les projets d’énergie renouvelable. Clément, qui a travaillé pendant quatre ans comme conseiller dans un Espace Info Énergie, rêvait de faire un tour du monde engagé. C’est en découvrant "Les vagabonds de l’énergie", une association qui regroupe des voyageurs partis à la recherche de solutions inspirantes, qu’il a pu réaliser son projet.
Son message : "Ce tour du monde a confirmé une intuition : lorsqu’on développe des projets sur un territoire, ceux-ci seront bien plus aboutis et vertueux si on y intègre les citoyens plutôt que de laisser la main à une entité technocratique. On le voit avec les projets d’énergie citoyenne où les individus se réapproprient le pouvoir sur l’électricité."
Sa plus belle rencontre : "C’est en Colombie, dans un village indigène assez reculé qui n’avait pas accès à l’électricité. La communauté a décidé d’installer une turbine dans la rivière, qui est au centre de leur quotidien. Les décisions sont prises en assemblée générale totale avec les 500 habitants, avec une présidence tournante. Ce sont eux-mêmes qui fixent les prix de façon démocratique : trois euros pour un foyer avec deux ampoules et cinq euros au-delà. Pour nous, Occidentaux, ça peut paraître complètement absurde ou irrationnel, mais chez eux ça fonctionne."
Et après ? Clément travaille pour Enercoop Normandie tout en continuant à avancer sur sa web-série, dont le dernier volet sera diffusé sur You Tube à la fin de l’année, et sur un projet de documentaire qui portera aussi sur le développement des projets d'énergie citoyenne en France. D’ici l’année prochaine, il compte s’impliquer davantage dans l’association "Les vagabonds de l’énergie" afin de sensibiliser le grand public avec des interventions notamment dans les écoles et collèges, des exposition-photo et des projections débat.
Éco-logis : à la découverte d’habitats alternatifs et bon marché avec Olivier Mitsieno
Parti avec sa compagne, Olivier, 32 ans, diplômé en droit, a fait le tour du monde des constructions écologiques et bon marché pendant deux ans, à travers 15 pays, entre 2014 et 2016. Depuis son retour, celui qui est devenu éleveur de moutons en Charente-Maritime, s’attache à diffuser les méthodes découvertes pendant son périple. Celles-ci nécessitent peu d’outils et de compétences, sont écologiques, utilisent des matériaux locaux et sont peu coûteuses.
Son message : "Nous pouvons tous à notre échelle faire des choses qui vont avoir un impact positif. Pendant deux ans, nous avons eu la chance de rencontrer des gens extraordinaires, capables de déplacer des montagnes à leur échelle plutôt que de se lamenter sur leur sort. Malheureusement, ils sont souvent bien seuls et ne sont pas soutenus par les pouvoirs publics pour démultiplier leurs solutions."
Sa plus belle rencontre : "En février 2015, nous avons participé à la construction d'une école au Népal, fabriquée en sacs de terre. On utilise des sacs de ciment qu’on remplit avec de la terre et de l’argile, on les superpose comme des briques et on monte ainsi les murs. Une fois que c’est enduit, on ne sait plus que c’est fait avec des sacs en terre. Cette technique demande peu de technicité et de compétences. Ces maisons sont également plus résilientes : l’école a résisté au tremblement de terre qui a frappé le pays en mars 2015."
Et après ? Une exposition photo est proposée à la location. Cela permet de financer la web-série de sept épisodes qui sera diffusée à partir de 2020 (courts-métrages de 15 minutes) et qui donnera lieu à un web-documentaire très riche, avec des articles, des bonus mais aussi des liens vers des sites ressources pour ceux qui voudraient aller plus loin. À plus long terme, Olivier rêve d’installer un gîte sur sa ferme qui proposerait différents habitats alternatifs et écologiques.
Concepcion Alvarez @conce1