Publié le 06 janvier 2015
ENVIRONNEMENT
François Hollande, une stratégie floue sur l’environnement
L’environnement sera l’une des priorités de François Hollande en 2015. C’est ce qu’a martelé le président de la République, lundi 5 janvier, au cours de la longue interview qu’il a accordée à France Inter. Le chef de l’Etat a posé les conditions de la réussite du sommet climatique de Paris (Cop 21) et jugé que la politique française était exemplaire en matière environnementale. Des déclarations qui ont suscité de vives réactions.

© Remy de la Mauvinière / AFP
François Hollande semble avoir opéré ces derniers mois une mue sur les questions écologiques. Des sujets qui peinaient à s’imposer dans l’agenda présidentiel au cours de ses deux premières années de mandat.
Le discours a radicalement changé. Une question se pose désormais: le chef de l’Etat a-t-il réellement pris conscience de l’urgence climatique et environnementale ou cherche-t-il par ce biais à redorer une image politique largement ternie ?
S’il est aujourd’hui le seul à pouvoir y répondre honnêtement, les signes envoyés aux observateurs sont contradictoires.
Fermeture de Fessenheim, maintien de Notre-Dame-des-Landes
François Hollande a d’une part confirmé l’une de ses promesses de campagne, à savoir la fermeture de Fessenheim, affirmant notamment que "les procédures sont engagées". Le président de la République n’a toutefois pas indiqué la date à laquelle cette fermeture doit intervenir.
La centrale nucléaire alsacienne, la plus ancienne du parc français (1978), devait initialement cesser son activité en 2016.
Le chef de l’Etat a, d'autre part, réaffirmé sa volonté de voir se concrétiser le projet de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes. "Quand les recours seront épuisés, il sera lancé" a-t-il déclaré. La construction d’un nouvel aéroport en Loire-Atlantique reste fortement contestée.
Autre chiffon rouge agité devant les écologistes, son affirmation selon laquelle "la France est exemplaire dans sa politique écologique". Pour étayer son assertion, François Hollande a cité la loi sur la transition énergétique, adoptée en première lecture par l’Assemblée nationale, et celle sur la biodiversité, qui attend toujours d’être inscrite à l’agenda parlementaire.
Europe Ecologie les Verts a rapidement dénoncé un décalage "douloureux" entre les discours et les actes. Dans un communiqué, le parti de Cécile Duflot juge la politique du gouvernement "au mieux illisible, quand elle n’est pas simplement nocive".
Le même sentiment de déception prédomine chez France nature environnement (FNE). Pour Benoît Hartmann, le porte-parole de l’association, "les socialistes payent aujourd’hui leur absence de culture environnementale. C’est un sujet qu’ils ont trop longtemps sous-traité aux écologistes. On sent un frémissement sur ces questions, mais on a la sensation qu’ils ne savent pas comment s’y prendre. Le fait que le chef de l’Etat, en deux heures d’interview, n’ait pas prononcé un mot sur les emplois verts et la croissance verte est significatif. Ils se gargarisaient encore de ces sujets il y a quelques semaines."
Le sommet climatique de Paris, objectif majuscule
Les critiques sont en revanche moins vives concernant ses propos sur la prochaine conférence des parties (COP) sur le Climat.
Pour François Hollande, 3 critères permettront de juger de la réussite du prochain sommet climatique, qui se tiendra à Paris du 30 novembre au 11 décembre prochains.
Le chef de l’Etat espère d’abord qu’il débouchera sur "un accord général, contraignant pays par pays" pour réduire les gaz à effet de serre. Il souhaite ensuite que le fonds vert permette de "dégager 100 milliards de dollars" afin de financer "l’innovation et la reconversion des pays les plus pauvres". Enfin, il croit possible de mettre en place des financements innovants, "notamment sur le prix du carbone".
Il s’est également déclaré favorable à l’instauration d’une taxe sur les transactions financières à l’échelle européenne, souhaitant que le produit de cet impôt soit "au service du climat". La position de la France sur la question a été récemment critiquée. Michel Sapin étant notamment accusé de vouloir exempter les produits dérivés du secteur bancaire français de cette taxe.