Publié le 03 novembre 2023

ENVIRONNEMENT

Spécial COP28 : il faut sauver le soldat "pertes et dommages" (3/3)

Pour arriver à un accord ambitieux à la COP28 de Dubaï, qui s'ouvre le 30 novembre, la question des financements sera cruciale. Alors que les États se sont mis d'accord pour créer un fonds dédié aux pertes et dommages, pour réparer les impacts du changement climatique, ses modalités de fonctionnement doivent encore faire l'objet de tractations.

Reparations pertes et dommages COP27 MOHAMMED ABEDAFP
Au menu de la COP28 de Dubaï, il y a aura notamment le financement du fonds dédié aux pertes et dommages, créé à la COP27, qui vise à réparer les dégâts irréversibles causés par le dérèglement climatique.
Mohammed Abed / AFP

Si 2023 est l’année où les fameux 100 milliards de dollars versés par les pays du Nord à ceux du Sud devraient enfin être atteints – avec tout de même trois ans de retard – la question des financements ne sera pas pour autant réglée. Au menu des discussions de la COP28 de Dubaï, il y a notamment le financement du fonds dédié aux pertes et dommages, créé à la COP27, qui vient s’ajouter aux financements pour l’atténuation et pour l’adaptation. Celui-ci vise à réparer les dégâts irréversibles causés par le dérèglement climatique.

La dernière réunion sur le sujet, mi-octobre, s’est soldée par un échec. "Celui-ci traduit le gouffre profond entre les pays riches et les pays pauvres", a dénoncé Harjeet Singh, responsable de la stratégie politique mondiale au sein du Climate Action Network International.  Qui met au pot ? Qui perçoit les aides ? Quelle institution pour chapeauter le fonds ? Ce sont autant de points d’achoppement entre pays riches et pays en développement.

"L’ensemble des négociations pourrait dérailler"

Les pays riches veulent notamment que certains États (hors pays industrialisés baptisés annexe 1) puissent participer au financement à l'instar des pays pétroliers ou de la Chine. Du côté des bénéficiaires, si l'on restreint la liste aux petits États insulaires et aux pays les moins avancés, des pays très touchés comme le Pakistan, les Philippines ou la Libye en seraient exclus. "Sur cette question, des clivages Nord-Sud s'expriment et la situation est très tendue", confie le cabinet de la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher.

Mais c’est finalement l'acharnement d'une majorité des pays développés à placer le futur fonds sous la Banque mondiale qui a fait exploser les discussions. Une proposition "inacceptable pour les pays en développement" témoigne Fanny Petitbon, responsable du plaidoyer au sein de l’ONG CARE France et spécialiste du sujet. "Pourquoi ? Car les processus de décision seraient dominés par les plus gros contributeurs et non les pays affectés, car l'accès aux financements serait impossible pour les pays non membres de la Banque mondiale et car les prêts seraient privilégiés aux dons", explique-t-elle dans un fil sur la plateforme X (ex-Twitter).

Une réunion de la dernière chance sera organisée aux Émirats arabes unis du 3 au 5 novembre. "L’ensemble des négociations de la COP28 pourrait dérailler si les priorités des pays en développement en matière de financement des pertes et des dommages ne sont pas correctement prises en compte. Que le Fonds pour les pertes et dommages devienne pleinement opérationnel ou non est une mesure clé du succès du sommet COP28", a prévenu Preety Bhandari, conseillère principale du Programme climatique mondial et du Centre financier du World Resources Institute.

Concepcion Alvarez


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