Publié le 27 janvier 2021
ENVIRONNEMENT
Face à la réalité du changement climatique, la question de l’adaptation commence (enfin) à prendre de l’ampleur
Les 25 et 26 janvier se tenait le tout premier sommet international consacré à l'adaptation climatique. Le sujet peinait à émerger face à celui de la réduction des émissions, jugé jusqu'alors comme prioritaire. Mais les dégâts du changement climatique se faisant déjà largement sentir, les dirigeants du monde entier s'emparent du sujet.

@Climate Adaptation Summit 2021
En début de semaine, le premier sommet international consacré à l’adaptation au changement climatique s'est tenu virtuellement, organisé par les Pays-Bas. Le sujet, longtemps négligé dans les négociations internationales, commence à prendre de l’ampleur. Selon le tout nouveau Climate Risk Index de Germanwatch (1), rien que depuis le début du siècle, plus de 475 000 personnes sont mortes dans l’un des 11 000 événements météorologiques extrêmes qui ont frappé la planète.
Jusqu’ici trop focalisés sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre (atténuation), les dirigeants sont appelés à agir sur les deux axes. "L'adaptation ne peut pas être la moitié négligée de l'équation climatique", a déclaré António Guterres, le Secrétaire général des Nations unies, lors du sommet. Il a ainsi demandé que 50 % de la part totale du financement climatique soit consacrée à l’adaptation afin de réduire la vulnérabilité des pays face à l'élévation du niveau de la mer, aux conditions météorologiques extrêmes et aux pénuries alimentaires.
Un écart de 1 à 10 entre les besoins et les financements réels
Ces financements ne représentent que 5 % des fonds engagés pour le climat, selon le PNUE. Evalués à quelque 30 milliards de dollars par an, ils sont en outre loin de couvrir les besoins des seuls pays en développement, actuellement estimés à 70 milliards par an et qui devraient atteindre 140 à 300 milliards en 2030 et 280 à 500 milliards en 2050. "Les pays les plus riches manquent cruellement à leurs obligations", dénonce Fanny Petitbon, experte climat de l'ONG Care.
Les Pays-Bas, dont un tiers du territoire se trouve sous le niveau de la mer, ont rappelé leur engagement à consacrer la moitié de leurs financements à l'adaptation au changement climatique. Emmanuel Macron a confirmé qu’il y consacrerait un tiers des financements climat de la France, soit deux milliards d’euros par an. Angela Merkel, la chancelière allemande, a annoncé un budget supplémentaire de 270 millions d'euros pour l'adaptation. Le Royaume-Uni, quant à lui, a lancé l'initiative "Adaptation Action Coalition" qui doit associer l'Egypte, le Bangladesh, le Malawi, les Pays-Bas, Sainte-Lucie et les Nations Unies.
Le retour des États-Unis sur la scène internationale climatique
La Banque mondiale, également présente, s'est engagée à maintenir à au moins 50 % la part de son financement climatique total consacrée à l'adaptation au changement climatique tandis que la Banque africaine de développement s'est engagée à mobiliser 25 milliards de dollars pour financer le climat entre 2020 et 2025, dont au moins la moitié soutiendra l'adaptation au changement climatique. Le FMI, pour sa part, va intégrer les risques climatiques dans ses évaluations du secteur financier.
Le tout nouveau représentant spécial pour le climat des États-Unis, John Kerry, a assuré que l'administration Biden fait de l'action climatique internationale une priorité absolue et qu’elle contribuera à promouvoir plus d'ambition en matière d'adaptation. "Nous sommes fiers d'être de retour. Nous revenons avec humilité pour l’absence des quatre dernières années et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour y remédier", a-t-il déclaré. Enfin, le vice-premier ministre chinois Han Zheng a appelé la communauté internationale à redoubler d'efforts.
"Si on peut se féliciter de l’accent mis par ce sommet sur l’adaptation, un pilier souvent négligé de l’action climatique, c'est encore une autre réunion qui se termine par des discours et des promesses, mais pas de résultats concrets à l'échelle du financement et de l'assistance, principaux obstacles aux mesures d'adaptation", regrette le Climate Action Network.
Concepcion Alvarez @conce1
(1) Climate Risk Index 2021, de Germanwatch, 25 janvier 2021