Publié le 24 novembre 2020
ENVIRONNEMENT
Avec John Kerry, Joe Biden nomme pour la première fois un représentant spécial pour le climat des États-Unis
Joe Biden, nouveau président des États-Unis, vient de dévoiler les premières nominations de son futur gouvernement. Il a choisi l'ancien secrétaire d'État John Kerry pour être représentant spécial pour le climat, une première aux États-Unis. Un symbole fort alors que c'est John Kerry qui, en 2015, signa, au nom des États-Unis, l'Accord de Paris.

STEPHANE MAHEPOOL / AFP
C’est une nouvelle ère pour la politique climatique américaine qui s’ouvre, de l’avis de la plupart des commentateurs. Ce mardi 24 novembre, le nouveau président élu, Joe Biden, va officialiser les premières nominations pour son futur gouvernement. Au poste de représentant spécial pour le climat, c’est John Kerry qui a été choisi. Un symbole envoyé au monde entier à l’approche des cinq ans de l’Accord de Paris, puisque c’est lui qui signa le texte en décembre 2015 au Bourget, au nom des États-Unis, en tant que chef de la diplomatie de Barack Obama.
"Je retourne au gouvernement pour remettre l'Amérique sur la bonne voie, face au plus grand défi de cette génération et face à ceux qui suivront", a tweeté John Kerry, promettant de "traiter la crise climatique comme la menace urgente de sécurité nationale qu'elle est". Sa feuille de route est claire : alors que Donald Trump a acté la sortie des États-Unis de l’Accord de Paris le 4 novembre dernier, il s’agit désormais de retrouver la confiance des partenaires. Une mission dans laquelle devrait exceller John Kerry, diplomate rompu au multilatéralisme et connu de multiples dirigeants mondiaux.
The work we began with the Paris Agreement is far from done. I'm returning to government to get America back on track to address the biggest challenge of this generation and those that will follow. The climate crisis demands nothing less than all hands on deck. pic.twitter.com/xxfakodQ6d
— John Kerry (@JohnKerry) November 23, 2020
"Un bilan remarquable"
C'est la première fois qu'un représentant spécial pour le climat est nommé. Avec ce statut, John Kerry pourra ainsi siéger au Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche. Jusqu'ici, aucun membre de ce conseil n'était spécifiquement chargé de ce dossier, souligne l'équipe de transition de Joe Biden dans un communiqué. Le président élu entend ainsi prouver qu’il fait du climat l'une des priorités de son mandat. Il s'est ainsi engagé à revenir dans l'accord de Paris dès le premier jour de son investiture, le 20 janvier prochain, et a promis 2 000 milliards de dollars d’investissements dans les énergies et les infrastructures bas-carbone.
"L'administration entrante ne laisse aucun doute sur la priorité qu'elle entend donner à la lutte contre la crise climatique", réagit Andrew Steer, le président du World Resources Institute (WRI). "Il y a peu de gens dans le monde avec un bilan aussi remarquable que John Kerry en matière de changement climatique. De son passage au Sénat à son rôle de secrétaire d'État, il a défendu l'action climatique et forgé de nombreux accords internationaux, y compris sur les objectifs de développement durable et sur les HFC (gaz réfrigérants, NDR), et a notamment joué un rôle déterminant dans la conclusion de l'Accord de Paris", estime-t-il.
Nouvel objectif 2030 avant la COP26
Joe Biden devra rapidement dévoiler au monde son nouveau plan climat avec en ligne de mire la COP26 sur le climat, prévue en novembre 2021 à Glasgow, en Écosse. Le nouveau locataire de la Maison-Blanche s’était engagé, pendant sa campagne, à la neutralité carbone dans la production électrique d’ici 2035 et dans toute l'économie d'ici 2050. Il devra également adopter un nouvel objectif de réduction des émissions d’ici 2030, "de l'ordre de 45 à 50 % par rapport à 2005" préconise le WRI. Et verser les deux milliards de dollars promis au Fonds vert pour le climat, suspendus par Donald Trump.
John Kerry n'œuvrera pas seul. Il pourra compter sur l'appui de plusieurs personnalités soutenant l'importance de faire progresser la coopération internationale sur le changement climatique à l'instar du francophile Antony Blinken au poste de secrétaire d'État, Jake Sullivan en tant que conseiller à la sécurité intérieure ou encore l’Afro-américaine Linda Thomas-Greenfield comme ambassadrice des États-Unis auprès des Nations Unies. "Cette équipe interviendra avec une connaissance claire des menaces que pose le changement climatique sur la sécurité nationale et humanitaire, ainsi que des opportunités que représente une ère renouvelée de coopération mondiale", estime Andrew Steer.
Concepcion Alvarez @conce1