Publié le 13 août 2015
ENVIRONNEMENT
Ressources mondiales : ce jeudi 13 août, l’humanité entame une 2ème planète
Il aura fallu 225 jours aux habitants de la planète pour consommer toutes les ressources que la Terre peut fournir en un an. À partir d’aujourd’hui, il nous faudrait consommer en partie une deuxième planète pour répondre aux besoins de consommation et pour absorber tout le CO2 émis par les activités humaines. Ce jeudi 13 août est donc le "jour du dépassement" selon le Global footprint network. Une image symbolique pour alerter sur l’urgence que constitue le réchauffement climatique.

CA
Il tombe de plus en plus tôt dans le calendrier. Et cela n’a rien de rassurant. Cette année, le "Jour du dépassement de la planète" (The Earth Overshoot Day) est prévu pour ce jeudi 13 août.
Cela signifie qu’en moins de huit mois, la population mondiale a, en théorie, déjà consommé toutes les ressources de la planète pour l’année 2015. À partir d’aujourd’hui, pour continuer à boire, à manger, à se chauffer, à se déplacer, à produire, nous vivons à crédit jusqu’au 31 décembre. Une "dette écologique" qui ne cesse de s’alourdir depuis 1970, et dont les conséquences sont déjà visibles : déforestation, sècheresse, érosion des sols, appauvrissement de la biodiversité, ou encore accumulation de carbone dans l’atmosphère.
Une empreinte écologique de plus en plus lourde
Le calcul, relayé par l’ONG WWF, est effectué tous les ans par le think tank américain Global Footprint Network (GFN), créateur du concept d’empreinte écologique. Celle-ci correspond à la surface nécessaire pour fournir les ressources (alimentaires, matières premières, …) consommées par les habitants de la planète, absorber leurs déchets et surtout leurs émissions de CO2 sur un an.
Pour trouver la date à laquelle va se produire le jour du dépassement, le GFN divise la biocapacité de la planète (soit la quantité de ressources naturelles fournies par la Terre pendant l’année considérée) par l’empreinte écologique. Puis elle multiplie le résultat par 365 (nombre de jours que comporte une année). Son unité de mesure est l’hectare global : les calculs se font sur un hectare moyen au niveau mondial.
Cette année, le calcul est donc le suivant : (1/1,62) x 365, ce qui nous amène au 225ème jour de l’année.
Pour 2015, le jour de dépassement est le 13 août
La date retenue symbolise ainsi un budget écologique disponible pour l’année. Un budget dépensé de plus en plus vite. En quinze ans, le jour du dépassement a été avancé de plus de sept semaines, passant du 4 octobre au 13 août. Encore excédentaires en 1961 avec un quart des réserves de la Terre non consommées, nous sommes devenus déficitaires au début des années 1970, année pour laquelle le jour du dépassement se situait au 23 décembre.
C’est à partir de là qu’un seuil critique a été franchi. Pour la première fois, la consommation de l’homme prenait le pas sur la capacité de la nature à y répondre. Désormais, cette "surconsommation" dépasse de 60 % les capacités de la planète à produire les ressources nécessaires, l’absorption de dioxyde de carbone représentant plus de la moitié de la demande exercée par l’humanité sur la nature.
Le Global Footprint Network estime qu’il faut aujourd’hui 1,6 planète pour répondre aux besoins de la population mondiale.
Japon, Italie et Suisse parmi les plus mauvais élèves
Le bilan est encore plus lourd quand on applique le même calcul à certains pays. Le Japon arrive dans le peloton de tête des mauvais élèves avec un coefficient de 5,5. Concrètement, cela signifie qu’il faudrait 5 fois un territoire comme le Japon pour subvenir aux besoins annuels de la population nippone (voir infographie plus haut).
Derrière, on trouve l’Italie (3,8), la Suisse (3,5), l’Egypte (3,2) ou encore la Grande-Bretagne (3). La Chine (2,7) et les États-Unis (1,9), souvent stigmatisés, sont pourtant en milieu de tableau, malgré une empreinte écologique forte. Cela s’explique par leur grande biocapacité, c’est-à-dire leur capacité à produire de l’énergie et à absorber les émissions de CO2.
La France, quant à elle, se situe sous la moyenne mondiale (1,4 contre 1,6). Un rang justifié par la domination du nucléaire dans l’Hexagone, qui limite les émissions de CO2. En revanche, si tous les habitants du monde vivaient comme les Français, il faudrait non plus 1,6 mais 2,4 planètes. A contrario, si nous vivions tous comme les Indiens, une demi-planète nous suffirait.
L’équivalent de deux planètes nécessaires en 2030
Cette date du dépassement des ressources de la planète reste bien évidemment symbolique. Elle permet de marquer les esprits et d’alerter la population et les décideurs sur l’urgence à agir contre le réchauffement climatique.
"Il ne peut exister de développement durable que si tout le monde peut vivre décemment dans le contexte du budget écologique de notre planète. Cela n’est réalisable que si nous ajustons notre empreinte écologique aux ressources naturelles dont nous disposons", indique Mathis Wackernagel, fondateur de Global Footprint Network et co-créateur du modèle de calcul de l'empreinte écologique.
Selon les calculs du Global Footprint Network, si rien ne change (scénario business as usual), nous aurons besoin de deux planètes d’ici à 2030. Mais si nous réduisons nos émissions de CO2 de 30 % d’ici à 2030 par rapport au niveau actuel, alors nous gagnerions un mois sur notre budget écologique, avec un jour du dépassement le 16 septembre.