Publié le 02 juillet 2019
ENVIRONNEMENT
Épinglé par Greta Thunberg, le gouvernement français est accusé d’avoir délogé violemment des militants pacifiques pour le climat
Se retrouver sur le fil Instagram de Greta Thunberg, visage mondial de la lutte pour le climat, et y être dénoncé pour une répression trop brutale de militants pacifiques en faveur du climat. Telle est la très mauvaise image qui vient frapper le gouvernement français, assurant pourtant pourtant avoir donné un virage écologique au quinquennat. Ce sont 300 militants d’Extinction Rebellion qui ont été aspergés assez gratuitement de gaz lacrymogène sous l’objectif des smartphones présents.

@MathiasZwick/HansLucas
"Aujourd'hui, des militants français pacifiques du climat et des écoliers grévistes à Paris ont été aspergés de gaz lacrymogène. Le même jour, il faisait 45,9 ° en France en juin (…) Ce n'est pas "la nouvelle normale", écrivait sèchement la militante suédoise Greta Thunberg sur son compte Instagram comptant 2,1 millions d’abonnés.
C’est sans doute le pire bad buzz possible pour ce gouvernement qui a assuré avoir engagé un tournant écologique. Et c’est du pain béni pour les opposants politiques. Le député européen (EELV) Yannick Jadot et le premier secrétaire du PS Olivier Faure ont crié au "scandale". La députée France insoumise Mathilde Panot y voyant le symbole de "l'autoritarisme fort contre les militants écologistes" pratiqué, selon elle, par le gouvernement.
"C'est indigne d'avoir des jeunes qui se battent pour notre climat, qui se battent pour notre avenir... et la seule réaction du gouvernement ce n'est pas d'agir, c'est de leur balancer des gaz lacrymogènes. Ça, c'est scandaleux", a dénoncé Yannick Jadot sur BFMTV et RMC, rappelant que les "jeunes ont fait de l'écologie la première force politique pour les Européennes" (en réalité, la quatrième en termes de nombre de députés au Parlement, ndr).
De Rugy justifie le gazage
"Au lendemain de ces images, le gouvernement aurait dû s'excuser, il aurait dû dire "c'est insupportable". On ne peut pas avoir dans ce pays des forces de l'ordre qui se mettent à gazer à bout portant des manifestants pacifiques, assis", qui sont "20, 30, 40" et "ne sont pas des casseurs", a ajouté Olivier Faure. Pour l’heure, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a demandé un rapport au préfet de police de Paris sur "les modalités" de cette évacuation.
De son côté, le ministre de la Transition écologique et solidaire, François de Rugy justifie : "Au début les CRS appellent les manifestants à débloquer (...) Ce sont des manifestants très radicaux. Quand vous leur demandez pacifiquement de dégager la voie, ce qu'ont fait les forces de l'ordre avec des hauts-parleurs et qu'évidemment ils refusent (...) on est obligé de mobiliser des CRS pour prendre les personnes une par une et essayer de les enlever". Selon la préfecture de police, les forces de l'ordre sont intervenues pour faire "cesser l'entrave à la circulation générée par cette action".
Des arguments loin de convaincre certaines stars qui revendiquent leur militantisme vert, "Cher gouvernement français, pouvez-vous m'expliquer ces images ? Insoutenables !", a réagi par exemple sur Instagram l'actrice Marion Cotillard. "Des activistes français et des étudiants en grève se font asperger de gaz lacrymogène alors qu'ils protestent pacifiquement, à Paris, contre une situation climatique désastreuse et trop ignorée", a-t-elle ajouté. Dans la foulée, le réalisateur et militant Cyril Dion, auteur du documentaire "Demain", avait annoncé qu'il refusait sa promotion dans l'ordre national du Mérite en raison de ces "violences".
Ludovic Dupin avec AFP