Publié le 03 mars 2017
ENVIRONNEMENT
En 1991, Shell alertait (déjà) sur les conséquences du réchauffement climatique
C’est une vidéo signée Shell. Mais elle aurait pu être diffusée par des ONG environnementales. En 1991, la compagnie pétrolière alertait, dans un film éducatif, sur les risques liés au réchauffement climatique, mettant clairement en cause l’impact des énergies fossiles. Mais au cours des 25 dernières années, la major pétrolière n’a pourtant pas fait évoluer son modèle économique.

Shell
"Notre mode de consommation d’énergie peut être à l’origine de changements climatiques aux conséquences néfastes pour nous tous". Ce commentaire est tiré d’un documentaire éducatif diffusé en 1991. Un film produit par… Shell. Intitulé "Climate of Concern", il était destiné à une diffusion dans les écoles et les universités.
Risques d’inondation, multiplication des réfugiés climatiques, pollution des eaux, augmentation du niveau des températures… À l’époque déjà, la compagnie pétrolière prévenait, plutôt clairvoyante : "le réchauffement de la planète n’est pas encore certain, mais beaucoup pensent qu’attendre une preuve finale serait irresponsable. L’action est maintenant considérée comme la seule assurance sûre".
Business as usual
Malgré les avertissements qu’elle a elle-même formulés, la compagnie pétrolière a continué à investir dans l’extraction des énergies fossiles.
Dès 1986, soit 5 ans avant la publication de sa vidéo éducative, Shell s’alarmait dans un rapport "confidentiel", publié par The Guardian, de la possibilité de changements climatiques "rapides et dramatiques" liés aux énergies fossiles.
Et Shell n’était pas la seule compagnie pétrolière à se pencher sur le sujet. En juin 2015, un rapport de l’UCS (Union of Concerned Scientist) a révélé que le groupe Exxon était conscient de son impact sur le réchauffement climatique depuis… 1981.
Vers une enquête judiciaire ?
Pourtant, sept ans plus tard, en 1988, BP, Chevron, Conoco, Exxon, Mobil, Philipps et Shell devenaient membres de l’API (American Petroleum Institute), le plus puissant lobby des industriels du gaz et du pétrole aux États-Unis. Le but : instiller le doute chez les citoyens quant à la réalité du réchauffement climatique.
Depuis quelques années, Exxon est d’ailleurs au cœur d’une enquête judiciaire pour ses mensonges présumés sur le sujet. "Les entreprises qui trompent les investisseurs et les consommateurs à propos des dangers du changement climatique doivent rendre des comptes", prévenait en 2016 Maura Healy, procureure générale de l’État du Massachusetts.
Cette procédure, qui n’est que "la partie émergée de l’iceberg" selon Jesse de l’ONG Corporate Accountability International, devrait s’élargir à d’autres compagnies pétrolières. "Exxon n’est pas le seul coupable dans le secteur".