Publié le 08 octobre 2021
ENVIRONNEMENT
[Édito] Les États membres suivront-ils la ligne verte tracée par l’Union Européenne ?
Le Green Deal est le panache vert de l’Union Européenne qui a changé de ton avec le sommet Investir durable du 7 octobre. Le message de la Commission et de sa Présidente est clair : il est urgent de réorienter l’économie et la finance pour que la nature cesse de payer le prix d’un modèle qui la détruit. Cette ambition politique forte a bien du mal à trouver un relais dans les pays membres.

@ArtJazz
Investir durable en Europe, tel était le titre du sommet virtuel à haut niveau organisé le 7 octobre par la Commission Européenne. Ouvert par la Présidente de la Commission, Ursula Von Der Leyen, il a réuni plusieurs Commissaires, la directrice du FMI mais aussi Bill Gates, Michael Bloomberg, le président de la Banque centrale chinoise et des personnalités européennes comme le Ministre de l’environnement italien ou Pascal Canfin, le président de la Commission Environnement du Parlement. Tous ont eu, en substance, le même message : il faut accélérer la transformation de l’économie et de la finance tous azimuts face à l’urgence climatique et celle-ci est d’autant plus intense qu’elle se combine avec une crise environnementale beaucoup plus large. Ils ont ainsi esquissé une stratégie post-épidémie de Covid, basée sur le verdissement accéléré des entreprises, des infrastructures et des modes de financement.
Convaincus que les citoyens européens voulaient désormais privilégier l’action climatique sur le maintien d’une économie nuisible au climat et à la biodiversité, ce sommet laissait espérer que l’Europe soit capable de tout transformer : ses modes de transports, son approvisionnement énergétique, sa production industrielle ou son agriculture. Pour financer ces changements radicaux, l’Union a besoin d’une alliance, à grande échelle entre argent public et privé et a donc voulu montrer qu’elle était prête à déployer les outils lancés dans le cadre de son plan d’action sur la finance durable de 2018. La taxonomie, par exemple, référentiel d’activités compatibles avec les objectifs environnementaux de l’Union, sera désormais utilisée pour évaluer la part verte des investissements décidés par l’Union. "Il y a un consensus large sur le Green Deal au sein du Parlement Européen", a expliqué Pascal Canfin. "C’est important car il nous amène à modifier en profondeur une cinquantaine de lois structurelles".
"Je suis inquiet de voir les débats électoraux centrés sur des problématiques nationales"
Pendant quelques heures, on pouvait imaginer que l’Europe arriverait à la COP 26 avec une énergie prometteuse capable de bousculer l’inertie climatique qui domine dans de nombreux pays. Mais comment le faire sans le soutien actif des pays membres ? "Je suis inquiet de voir les débats électoraux centrés sur des problématiques nationales", a souligné Werner Hoyer, le président de la Banque Européenne d’Investissement. Il évoquait ainsi la France qui présidera l’Union européenne dès janvier pour six mois. Or pas de Green Deal dans le débat public, pas de priorités climatiques dans les programmes malgré les catastrophes à répétition, pas de candidat pour reprendre les 12 propositions pour le plan Climat du prochain quinquennat lancées à la fin de l’été.
Nous vous signalons aujourd'hui ce Programme Climat en 12 propositions que #FarahHariri et moi-même avons rédigé en vue des présidentielles 2022: https://t.co/7ts0Dfo8kj
Bonne lecture!— Alain Grandjean (@alaingrandjean) August 27, 2021
La France ferme ses frontières mentales et s’est lancée dans une étrange campagne présidentielle qui parle si peu d’avenir aux citoyens. En revanche l’Union a décidé de le faire avec un grand programme de consultation des Européens intitulé la Conférence pour l’avenir de l’Europe. Le sommet du 7 octobre en faisait partie.
Anne-Catherine Husson-Traore, @AC_HT, Directrice générale de Novethic