Publié le 03 septembre 2018
ENVIRONNEMENT
Après la démission de Nicolas Hulot, le "sursaut" s’organise
Lors de sa démission en direct à la radio, Nicolas Hulot a appelé à un sursaut. Un appel entendu par la société civile. Depuis le 28 août, des initiatives spontanées prennent de l’ampleur pour montrer que la mobilisation pour la transition écologique se joue aussi au quotidien, sur le terrain.

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Au micro de France Inter, lors de l’annonce de sa démission en tant que ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot appelle la société civile à un "sursaut". Mais semble désappointé par le manque de mobilisation. "Est-ce que j'ai une société structurée qui descend dans la rue pour défendre la biodiversité [...], est-ce que j'ai une union nationale sur un enjeu qui concerne l'avenir de l'humanité et de nos propres enfants ?", demande-t-il alors. Oui, répondent un nombre croissant de personnes qui veulent montrer que la société ne reste pas les bas croisés face à l’urgence de la transition. En voici quelques exemples.
- #Noussommesdemain : les professionnels de l’ESS s’organisent
Les acteurs de l’ESS, l’économie sociale et solidaire, ont été parmi les premiers à s’organiser. Sur les réseaux, ils ont lancé les slogans #TunespasseulNicolas et #Noussommesdemain. Le prélude à une mobilisation sur le terrain, avec une journée de lancement le 15 septembre, journée symbolique puisqu’elle marquera les 10 ans de la chute de la banque Lehman Brothers. “Nous avons été touchés par les déclarations [de Nicolas Hulo] et avons décidé de rebondir, parce qu’il est plus que temps de mettre en visibilité nos actions en matière de protection de l’environnement et d’engagement sociétal”, explique au site Carenews, Fréderic Bardeau, co-fondateur de Simplon et directeur du FEST (France Eco-sociale Tech). La mobilisation dont il fait partie réunit à ce jour une vingtaine de structures de l’ESS : du Mouves à Ashoka, en passant par Phenix, la Nef ou MakeSense.
- Une manifestation pour le climat le 8 septembre
Sur Facebook, un événement devient de plus en plus prisé. Plus de 13 000 personnes annoncent participer à la marche sur le climat organisée le 8 septembre à Paris, 72 000 se montrent intéressées. A l’origine de celui-ci, pas d’association mais un homme, qui souhaite rester anonyme. "J’ai été touché par l’appel de Nicolas Hulot et je me suis dit qu’il fallait réagir. La crise écologique nous concerne tous et il est urgent d’aller au-delà des querelles partisanes et d’agir", explique Maxime, interrogé par le journal We Demain. L’initiative a également séduit dans toute la France. D’autres villes devraient organiser l’événement. Et des associations comme 350 France, Attac France, Notre affaire à tous, CRID et Bloom ont annoncé qu'elles se joignaient à la démarche.
- "Non, monsieur Hulot, vous n’êtes pas seul !", une pétition en forme de soutien
C’est désormais une sorte d’habitude. Chaque événement a sa pétition sur Change.org. La démission de Nicolas Hulot ne fait pas exemption. A la radio, l’ancien ministre confiait se sentir "seul". "Non monsieur Hulot, vous n’êtes pas seul ! (…) Nous sommes là, conscients et prêts. (…) Appelez-nous aux urnes, nous participerons. Appelez-nous dans la rue, nous nous soulèverons", répondent en cœur les 61 300 signataires de la pétition qui circule depuis mardi.
- La tribune des ONG pour changer de cap
Plus traditionnelle, la lettre ouverte des ONG. Une dizaine d’entre elles, des Amis de la Terre à sortir du Nucléaire en passant par France Nature Environnement, ont uni leurs plumes pour demander au président de la République de changer de cap immédiatement. "Le départ précipité de Nicolas Hulot est l’occasion de requestionner la place du ministre de l’Ecologie dans le dispositif institutionnel", écrivent-elles. Tout en insistant aussi sur la nécessité "de créer et entretenir une mobilisation citoyenne et populaire". "Face aux menaces climatiques, militaires et à l'effondrement des écosystèmes, l'action n'est plus une option mais une nécessité, une urgence, une éthique".
- L'appel de 200 personnalités internationales
"Il est temps d'être sérieux". Voilà le titre de la tribune signée par plus de 200 personnalités internationales qui ont répondu à l'appel de Juliette Binoche, actrice et productrice française à la suite de la démission de Nicolas Hulot. "Nous considérons qu'un gouvernement qui ne ferait pas du sauvetage de ce qui peut encore l'être son objectif premier et revendiqué ne serait être pris au sérieux", écrivent notamment le cinéaste Pedro Almodovar, l'astrophysicienne François Combes ou encore le climatologue Jean Jouzel. "Face au plus grand défi de l'histoire de l'humanité, le pouvoir politique doit agir fermement et immédiatement", plaident-ils.
- Libérons l'investissement vert
Plusieurs personnalités dont Pascal Canfin directeur du WWF, Delphine Batho ancienne ministre de l'Écologie ou encore l'économiste Dominique Méda, demandent au gouvernement de libérer l'investissement vert. "Au nom de la sauvegarde du bien commun, nous demandons au gouvernement de lancer d'urgence un grand programme d'investissement public en faveur de la transition écologique et bas carbone, dont le montant serait isolé du déficit budgétaire", écrivent les 100 signataires dans une tribune publiée dans Alternatives économiques.
Béatrice Héraud @beatriceheraud