Publié le 01 septembre 2017
ENVIRONNEMENT
[Décryptage] Tempête Harvey : Qui va payer les factures de plus en plus lourdes des catastrophes naturelles ?
Les événements météorologiques extrêmes se multiplient. L’actualité nous le montre aussi bien au Texas avec la tempête Harvey, qu’en Inde avec des moussons hors normes. Les États vont devoir prendre en charge les réparations pour des populations pas ou mal assurées. Mais face à des coûts en constante hausse, le système atteint ses limites.

Win MCNamee Getty Image North America AFP
Huston et Bombay ont été submergées par des eaux diluviennes dans la même semaine. Mais elles ne paient pas le même tribut au risque climatique. Si à Bombay, il y a eu 1 200 morts sans même un hashtag pour s’en émouvoir, Huston fait la Une de tous les médias et génère de nombreuses spéculations sur le coût final de cette catastrophe naturelle.
Meanwhile, far from #Houston:
Torrential monsoon rains kill more than 1,200 people#1200WithoutAHashtaghttps://t.co/EKQvs3HVS4 pic.twitter.com/zfRJaL0pEi— Alexander Verbeek (@Alex_Verbeek) 29 août 2017
Évalué à moins de 10 milliards de dollars au début de la semaine, il devrait dépasser les 40 milliards et rejoindre Katrina (2005), Ike (2008) et Sandy (2012) dans le classement des ouragans les plus coûteux pour les États-Unis. Ils ont fait des ravages dans la population mais ont aussi laissé exsangue le fonds d’indemnisation national pour les inondations.
27 % des foyers de Houston assurés
Ce fonds d’assurance publique (National Flood Insurance Program) est celui qui règle l’essentiel des réparations dans un pays où les assurances privées ne couvrent que très faiblement ce type de dommages. Seuls 27 % des foyers sous les eaux à Huston sont couverts par des assurances privées qui elles sont tout à fait en capacité de faire face à cette nouvelle catastrophe. En revanche le fonds public pour les inondations croule sous plus de 25 milliards de dollars de dettes. Son sort doit d’ailleurs être débattu devant le congrès d’ici la fin de l’année.
Cette grande fragilité financière fait peser une menace sur le financement de la réparation pour les rescapés qui commencent à nettoyer leurs maisons, pour les entreprises qui vont devoir remettre en état des installations ainsi que les pour pouvoirs publics du Texas qui vont devoir réparer les infrastructures, sans oublier les dégâts causés par les explosions dans l’usine chimique d’Arkema.
Assurer un monde à 4 °C
Les réassureurs tiennent le compte précis des catastrophes mondiales et le premier semestre 2017 avait été moins coûteux qu’en 2016 : 45 milliards de dollars contre 110. Mais Harvey vient de faire repartir le compteur à la hausse. Il montre que le cumul, à l’échelle de la planète, de catastrophes plus fréquentes et plus coûteuses est le premier risque financier lié au changement climatique qui pèse sur les assurances. La Fédération Française de l’Assurance (FFA) évalue, par exemple, le surcoût des dommages liés au changement climatique à 44 milliards d’euros pour la France d’ici 2040.
C’est pourquoi les assureurs sont parmi les premières institutions financières à se mobiliser dans la lutte contre le changement climatique. Ceux qui le font partagent l’opinion d’Henri de Castries. En tant que président d’AXA lors du Climate Finance Day organisé à Paris en 2015, il déclarait "qu’un monde à 4 degrés n’est pas assurable". Pour préserver cette possibilité, il n’y a donc qu’une solution : contribuer à limiter à 2 degrés le réchauffement climatique comme le prévoit l’Accord de Paris.
Anne-Catherine Husson-Traore, Directrice générale de Novethic, @AC_HT_