Publié le 13 novembre 2017
ENVIRONNEMENT
Les émissions de CO2 mondiales repartent à la hausse après trois années de stagnation
C’est une très mauvaise nouvelle. Les émissions mondiales de CO2 vont augmenter en moyenne de 2 % cette année, selon les estimations – encore provisoires – d’experts qui publient ce lundi 13 novembre une étude. En cause, la Chine dont la consommation de charbon est repartie à la hausse. Une alerte forte envoyée aux dirigeants réunis en ce moment à Bonn, dans le cadre de la COP23, le sommet climatique onusien.

Nous pensions avoir atteint le pic. Mais selon les premières estimations de l'université d'East Anglia (Royaume-Uni) et du Global Carbon Project, les émissions de CO2 mondiales repartiront à la hausse en 2017 : + 2 % en moyenne par rapport à 2016 après trois années de stagnation.
"C'est très décevant. Les émissions mondiales de CO2 dues aux activités humaines sont estimées à 41 milliards de tonnes en 2017. Le temps presse pour maintenir le réchauffement bien au-dessous de 2°C, voire 1,5°C. Or, cette année nous avons déjà vu les impacts du changement climatique. C'est une fenêtre sur le futur", a réagi Corinne Le Quérén, l’une des auteures du rapport.
La Chine en ligne de mire
Principale fautive, la Chine avec des émissions en hausse de 3,5 % dues à une relance de la consommation de charbon et une reprise de la croissance (+6,7 %). "L’augmentation des émissions mondiales en 2017 est largement due à la croissance des émissions chinoises, confirme le Dr Glen Peters qui a dirigé l'une des études ressources. L'utilisation du charbon, principale source d’énergie en Chine, pourrait augmenter de 3 % en raison de la croissance plus forte de la production industrielle et de la baisse de la production d'hydroélectricité due à la baisse des précipitations."
En Inde, les émissions seront également en hausse mais de seulement 2 % contre 6 % par an au cours de la dernière décennie. En Europe et aux États-Unis, elles sont en baisse respectivement de 0,2 % et 0,4 %, une baisse moins accentuée que les années précédentes. Les 10 plus gros émetteurs sont, par ordre décroissant, la Chine, les États-Unis, l’UE, l'Inde, la Russie, le Japon, l'Allemagne, l'Iran, L'Arabie saoudite et la Corée du Sud.
Une alerte en pleine COP23
Sur la dernière décennie, 22 pays (représentant 20 % des émissions mondiales) ont vu leurs émissions de CO2 se réduire. Il s’agit d’une partie de l’Union européenne (France, Royaume-Uni, Suède, Allemagne…) et des États-Unis. Par contre, elles se sont envolées dans 101 pays (représentant 50 % des émissions mondiales).
"La croissance des émissions en 2017 est une mauvaise nouvelle, mais il est trop tôt pour dire s'il s'agit d'un événement ponctuel menant tout de même à un pic mondial d'émissions ou s’il marque une nouvelle période de hausse pour les émissions mondiales" tempère le Dr Glen. Il est sans doute peu probable que les émissions mondiales reviennent aux taux de croissance de plus de 3 % observés au cours des années 2000, estiment les auteurs.
En tout cas, ces prévisions publiées en pleine COP23 envoient un signal fort aux dirigeants réunis à Bonn, alors qu’ils doivent plancher sur le mécanisme de révision des contributions climatiques prévu dans l'Accord de Paris, qui débutera en 2018. Pour l’instant, les engagements des pays nous mènent à une trajectoire de +3,2°C, selon les dernières estimations de l’ONU environnement.
Concepcion Alvarez @conce1