Publié le 05 décembre 2015

ENVIRONNEMENT
COP21 : le projet d’accord sur le climat adopté, les ministres prennent le relais
Avec l’adoption par les négociateurs de la version finale du projet d’accord international sur le climat, une étape clé des négociations a été franchie : de brouillon informel, le document est passé au statut de texte officiel des négociations. Il servira de base de travail aux ministres, principalement de l’Environnement ou de l’Energie, des 196 pays réunis au Bourget. Charge à eux de régler d’ici la fin de la semaine prochaine les points de contentieux qui demeurent. La principale pierre d’achoppement reste le financement. Analyse.

Capture d'écran
Dernière ligne droite sous haute tension. "Les négociations sont entrées dans une phase cruciale. Nous sommes dans une période où le meilleur peut sortir, mais où le pire est possible", prévient Francois Hollande dans le discours de clôture de la plateforme de Durban. "Nous avons parcouru l’essentiel du chemin. Nous y sommes presque. Il ne nous reste que quelques foulées pour atteindre le point d’arrivée".
La première phase de la Conférence climat s’est en effet achevée samedi 5 décembre au Bourget avec l’adoption de la version finale du texte. Long de 48 pages, il met fin à quatre années de diplomatie climatique et représente une étape clé dans le processus de négociations. Réunis en séance plénière, les diplomates du climat ont exprimé leur satisfaction d’avoir accompli un travail bien fait. "Il y a eu une réaction assez émotionnelle et positive dans la salle plénière", souligne ainsi Teresa Ribera, directrice de l'Iddri (l'Institut du Développement Durable et des Relations Internationales).
"Contrairement à Copenhague, nous disposons d’une bonne base de négociations pour la deuxième semaine", se félicite Stefan Ruchti, représentant de la Suisse, s’exprimant au nom du Groupe de l’Intégrité environnementale (GIE), un groupe formé en 2000 par des membres de l’OCDE.
Deux enjeux clés : le financement et la différenciation
Les négociations se sont portées cette semaine sur deux enjeux clés : le transfert financier et technologique des pays du Nord vers le Sud et la différenciation, autrement dit la répartition des efforts dans la lutte contre le réchauffement climatique entre pays développés et pays en développement.
S’il y a eu des coups de chaud, les négociateurs ont néanmoins pu remplir l’objectif que le président de la COP21, Laurent Fabius, leur avait assigné : lui remettre aujourd'hui, à midi, une version synthétisée et clarifiée du brouillon issu de la séance préparatoire de Bonn (Allemagne).
Le seuil de 1,5°C soutenu par 113 pays, bloqué par les pays pétroliers
Laurence Tubiana, ambassadrice de la France chargée des négociations sur le changement climatique, appelle toutefois à la prudence. Même s’"il souffle un vrai vent d’optimisme sur la COP21", des questions politiques majeures restent à trancher.
Car la dernière semaine de négociations s’annonce difficile. Giza Gaspar-Martins, chef de la délégation des pays les moins développés, regrette que le texte soit encore trop long. Surtout, il réitère l’exigence du groupe de voir le seuil des 1,5°C intégré dans le texte. Concrètement, cela signifie contenir les émissions de gaz à effet de serre sous la barre des 1,5°C. Une ambition climatique à la hausse par rapport au seuil des 2°C qui fait actuellement consensus.
Tony A. deBrum, des îles Marshall, et chef de la délégation des petits Etats insulaires, exprime quant à lui sa frustration de voir l’Arabie Saoudite et les membres du groupe arabe s’opposer à la proposition. "L’Australie s’est tout récemment rallié à l’objectif des 1,5°C portant le nombre de pays qui soutienne cette proposition à 113 (sur les 196 pays qui négocient). C’est l’Arabie Saoudite et le Groupe Arabe qui bloquent".