Publié le 31 août 2015
ENVIRONNEMENT
COP 21 : la pression monte à 90 jours du sommet climatique de Paris
"Nous n’avons plus de temps à perdre". À moins de 100 jours de la conférence onusienne sur le climat, qui se tiendra à Paris à partir du 30 novembre, c’est ce qu’est venu marteler Ban Ki Moon, secrétaire général des Nations Unies, lors d’un déplacement dans la capitale le 26 août. Les négociateurs vont d’ailleurs reprendre leurs travaux cette semaine pour une avant-dernière session préparatoire de la COP 21 à Bonn, en Allemagne. Et les événements officiels et officieux se multiplient pour faire avancer les points les plus cruciaux d'un futur accord, comme la question du financement.

Antonin Amado / Novethic
"Cela fait 23 ans que nous négocions, nous n’avons plus de temps à perdre car le changement climatique est là. Chacun doit prendre ses responsabilités, Paris constitue la date butoir. Je demande aux dirigeants du monde entier d’accélérer les négociations et d’aller dans une direction claire" a déclaré Ban Ki Moon à Paris, lors de la semaine des Ambassadeurs qui a eu lieu à Paris du 24 au 28 août.
Le traditionnel rendez-vous de rentrée pour la diplomatie française a cette fois été largement marqué du sceau climatique. Le secrétaire général des Nations Unies a ainsi demandé à l’ensemble des diplomates français en poste à l’étranger d’user de leur influence pour mobiliser tous les pays, afin de parvenir à un accord à la fin de l’année. "Je suis sûr que nous parviendrons à un succès, car nous sommes à un moment historique", a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse qui s’est tenue dans la foulée.
Le temps presse : plus que 10 jours de négociations avant la COP 21
Un nouveau round de négociations préparatoires débute ce lundi à Bonn, en Allemagne, pour 5 jours. Y seront notamment examinées les avancées de l’été. Fin juillet en effet, une réunion - considérée comme "informelle" en raison de son caractère non officiel - d’une cinquantaine de ministres, représentatifs de l’équilibre des forces en présence dans la négociation, s’étaient accordés sur des points cruciaux, comme la pérennité du futur accord de Paris, ou la révision à la hausse des contributions étatiques (INDCs) tous les 5 ans. Des avancées saluées par l’ensemble des États parties à la négociation qui ont eu connaissance par la suite d’un document résumant l’état des discussions.
Puis, toujours fin juillet, le texte restructuré de l’accord présenté par les deux co-présidents de l’assemblée des négociateurs, l’Algérien Ahmed Djoghlaf et l’Américain Daniel Reifsnyder, avait lui aussi été salué comme un outil intéressant pour la suite des négociations, même s’il doit encore être amélioré.
La question du financement de plus en plus pressante
Mais si avancées il y a, celles-ci restent trop lentes au goût de bien des acteurs. À partir d’aujourd’hui, il ne reste que 10 jours de négociations officielles avant le sommet de Paris, et les points de discussion restent nombreux, sur le fond comme sur la forme de l’accord.
Reste notamment l’épineuse question du financement, qui doit être abordée dans les détails en septembre/octobre. "Si nous voulons réussir à Paris, il ne faudra pas seulement des engagements politiques. Il faudra des financements. C’est là que nous devrons mobiliser toutes les solutions et les énergies", a ainsi déclaré François Hollande, lors de la semaine des Ambassadeurs.
Le président de la République française en a ainsi profité pour annoncer le rapprochement de l’AFD (Agence française de développement) avec la Caisse des Dépôts, rapprochement dont les modalités seront précisées dans les prochains jours et qui devrait permettre à la France de disposer, "comme en Allemagne, d’une véritable agence de financement mieux dotée, mieux équipée et qui sera encore plus liée avec les collectivités locales et les entreprises, à l’exemple de ce que fait déjà la BPI (Banque publique d’investissement). L’AFD y gagnera un ancrage, des ressources, et sera dotée d’un nouveau projet, de nouveaux moyens au service du développement de la transition énergétique et du rayonnement de la France", a assuré François Hollande.
Une annonce destinée à rassurer les pays du Sud sur la réalité des financements climat Nord-Sud, absolument cruciale pour amener les pays en développement à rallier l’accord de Paris. "Il est impératif que les pays développés donnent des éclaircissements sur le sujet des 100 milliards de dollars", a ainsi insisté Ban Ki Moon. Une somme qu’ils se sont engagés à fournir chaque année à compter de 2020, en faveur des pays en développement, pour les aider à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et s’adapter d’ores et déjà au changement climatique. La question de la part des fonds privés et publics censés alimenter ce fonds n'est pas encore tranchée.
Le financement sera donc LE gros sujet de la prochaine "informelle" des ministres qui réunira ceux des Finances les 5 et 6 septembre prochains, toujours à Paris. Puis à New York, lors du sommet sur le développement durable de l’ONU où une journée sera consacrée au climat, le 27 septembre prochain. Mais c’est surtout en octobre (du 9 au 11), à Lima au Pérou, que sont attendues les décisions, lors des assemblées d’automne de la Banque mondiale et du FMI. La question devrait aussi être à l’ordre du G20, qui se tiendra du 15 au 16 novembre à Antalya, en Turquie.
D’ici là, on devrait aussi obtenir la presque totalité des engagements des États parties en matière de lutte contre le changement climatique. L’Inde, le Brésil et l’Indonésie sont particulièrement attendus et devraient publier bientôt leur contribution à l’effort climatique. À date, 56 États, représentant plus de 60 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales, ont rendu leur copie (les fameux INDC sont consultables ici). Elles sont encore largement insuffisantes pour espérer limiter le réchauffement global de la planète à 2° C.