À quelques mois de la COP 21, le dernier des pays développés à ne pas avoir publié sa contribution volontaire se faisait attendre. La contribution dévoilée ce mardi par le 13ème émetteur mondial prévoit de réduire d’ici 2030 de 26 à 28 % les émissions de GES (gaz à effet de serre) en-dessous des niveaux de 2005. Pour atteindre cet objectif, le pays espère porter la part des énergies renouvelables à 23 % en 2020, et augmenter l’efficacité énergétique d’au moins 40 % sur les quinze prochaines années.
Un objectif bien en-dessous du minimum nécessaire
En conférence de presse, le Premier ministre Tony Abbott a vanté “l’ambition” de l’Australie, promettant d’être “un participant très constructif” à la COP 21 qui se tient en décembre 2015 à Paris : “Nous ne sommes pas en tête, mais nous ne sommes certainement pas à la traîne”, a-t-il déclaré.
Rapporté à 1990, la baisse n’est pourtant que de 6,6 %. C’est bien moins que la plupart des pays développés comme l’Union Européenne (-40%) ou la Russie (-25%). Elle est également inférieure à la contribution des États-Unis, qui prévoient la même baisse que l’Australie mais sur une période plus courte (2005-2025).
Surtout, l’objectif australien paraît très insuffisant si l’on se fie aux recommandations des climatologues. Un groupe d’experts de l’autorité australienne sur le changement climatique a estimé que le pays devrait réduire de plus de 60 % ses émissions par rapport à 2005 afin d’être compatible avec un réchauffement contenu sous la barre des 2°C. L’organisation Oxfam chiffre quant à elle cette réduction à 65 %.
Une annonce “défaitiste” et “insuffisante” pour les ONG
De nombreuses organisations n’ont pas tardé à réagir à l’annonce du gouvernement australien, critiquant l’insuffisance d’une telle contribution : “le gouvernement semble décidé à se plier aux ordres des gros pollueurs et à maintenir notre économie dépendante des énergies du siècle dernier : le charbon et le gaz”, regrette l’Australie Conservation Foundation, qui juge l’objectif de réduction entériné par l’Australie “défaitiste“.
L’association australienne Climate Council a également fait part de sa déception : “Non seulement cet objectif est largement insuffisant pour protéger les Australiens des impacts du changement climatique, mais il ne représente tout simplement pas une contribution équitable au regard de l’effort mondial pour garder le réchauffement climatique sous contrôle.”
Lors de la conférence de presse, Tony Abbott a défendu son plan, estimant que le gouvernement devait aussi “être responsable au niveau économique”. “Nous devons réduire nos émissions d’une manière compatible avec une croissance forte et continue”, a-t-il ajouté.
Le docteur Helen Szoke, à la tête d’Oxfam Australie, estime quant à elle que le vent peut encore tourner : “Il est important de comprendre que cet objectif est provisoire. Il est encore temps pour l’Australie de fixer un cap plus ambitieux à Paris”, a-t-elle conclu.